Reportage sur TF1 à 13 h 30

C’est une visite un peu moins surprenante mais dans la continuité de la précédente qu’offre le magazine « Grands reportages ». Après un premier volet en mai consacré à la prison pour femmes de ­Rennes, les équipes d’Eric Lemasson poursuivent, côté hommes cette fois, leur exploration de l’univers carcéral. Pendant six mois, les caméras ont observé le quotidien de Daniel, Arnaud ou ­Gilbert. Ceux qu’on appelle des « longues ­peines ». Le centre de détention de Muret (Haute-Garonne) en accueille plus de 600, dont environ soixante sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.

Cette plongée nous fait découvrir un monde éloigné des images qu’on peut se faire de la prison, ou qui sont habituellement diffusées. Eric Lemasson insiste d’ailleurs sur ce point : « Les images du reportage montrent ce qu’est une prison, à la différence des maisons d’arrêt où il y a toutes sortes de détenus qui sont parfois trois, voire quatre par cellule, avec plus de ­désagré­ments. »Les images de ­détenus seuls dans leur cellule, munie d’une télévision et autres décorations personnelles pour rendre l’enfermement plus ­supportable, peuvent surprendre.

Les hommes qui ont accepté de ­témoigner le font à visage découvert, rendant leurs histoires attachantes. Même quand on ­apprend les raisons de leur détention. Comme Arnaud, 39 ans, ­condamné pour avoir tué son père et détenu depuis quatorze ans. Ou Gilbert, 61 ans, braqueur récidiviste, et amateur de philosophie. Il réside au bâtiment S : celui des ­détenus en fin de peine qui préparent leur réinsertion.

Travail, famille, Noël et cantine (courses), tout le quotidien en ­prison est dépeint. Le reportage est d’autant plus poignant que, à l’instar du premier volet, le réalisateur a privilégié la neutralité et l’absence totale de commentaires, si ce n’est pour servir de transition à la parole des détenus. Une ­manière de ne pas refaire le procès de ceux qui sont enfermés, mais d’observer leur vie.

La vie derriere les murs / © Alexandre Gosselet, Eric Lema

Daniel l’illustre bien. Après ­plusieurs apparitions dans le ­reportage, le journaliste finit par lui demander pourquoi il est là. Il lui répond qu’il a tué son meilleur ami et la compagne de ce dernier. Avant cela on ignorait tout de ce qu’il était. Comme s’il parlait de n’importe quoi, sauf de prison.

La vie derrière les murs, d’Eric Lemasson (Fr., 2017, 60 min)