La ministre de la santé dévoile ses pistes pour réduire le déficit global de la « Sécu »
La ministre de la santé dévoile ses pistes pour réduire le déficit global de la « Sécu »
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Dans le « JDD », Agnès Buzyn quelques axes d’économies, alors que le projet de budget est examiné par l’Assemblée la semaine prochaine.
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, à l’Elysée, le 17 octobre. / LUDOVIC MARIN / AFP
La chasse aux économies est lancée. Dans le Journal du dimanche du 22 octobre, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, évalue ainsi à 30 % les dépenses de l’Assurance maladie qui ne sont « pas pertinentes » et explique comment elle entend traquer les actes « inutiles » dans les hôpitaux.
Pour réduire de 3 milliards d’euros le déficit global de la Sécurité sociale en 2018, « il y a une marge de manœuvre énorme sans toucher à l’égalité des chances », argue-t-elle. Alors que l’Assemblée nationale doit entamer la semaine prochaine l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), Mme Buzyn détaille quelques axes d’économies et de meilleure utilisation des ressources.
Cela commencera par « favoriser l’ambulatoire [hospitalisation de courte durée] » : « En chirurgie, par exemple, l’objectif est qu’en 2022, sept patients sur dix qui entrent à l’hôpital le matin en sortent le soir, contre cinq aujourd’hui », explique la ministre. « Nous allons fermer les lits qui ne servent à rien ou les réorienter vers de nouveaux besoins » et « lutter contre les opérations inutiles ou les actes réalisés deux fois. »
Mutualiser certaines dépenses
Elle estime que les hôpitaux pourraient en outre « économiser un milliard d’euros en mutualisant certaines dépenses, comme les achats de médicaments ». Enfin, Mme Buzyn met en avant sa méthode pour réformer le financement des hôpitaux en créant des « modes de tarification centrés sur la pertinence des soins », par exemple en octroyant « un bonus, un intéressement dès lors qu’ils répondront aux objectifs de qualité, de pertinence et d’efficience ».
Parallèlement, la ministre entend renforcer la lutte contre les fraudes à l’Assurance maladie. « Il faut cesser d’être laxiste avec ceux qui abusent d’un système généreux », insiste-t-elle, en pointant notamment la hausse des arrêts de travail : « Jusqu’à quand l’assurance-maladie palliera-t-elle les défaillances du management au travail ? »
La Sécurité sociale « multiplie les contrôles en croisant les fichiers informatiques » et en 2016, la fraude détectée sur les cotisations et les prestations « s’est élevée à 1,2 milliard d’euros et le chiffre ne cesse de croître », avance-t-elle. En 2017, le déficit cumulé du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse doit atteindre 5,2 milliards d’euros. La branche maladie resterait déficitaire de 800 millions d’euros.
Le cas du tiers payant
Autre point abordé par la ministre : le tiers payant. Celui-ci « fonctionne » pour les patients remboursés à 100 % par l’Assurance maladie (bénéficiaires de la CMUC, femmes enceintes et patients atteints d’affection de longue durée), mais « nous ne sommes pas prêts techniquement à l’étendre », explique Mme Buzyn.
La loi Santé votée sous le quinquennat Hollande prévoyait la généralisation obligatoire de la dispense d’avance de frais au 30 novembre, mais Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne présidentielle, de l’étendre en laissant le choix aux médecins de l’appliquer.
Interrogée sur l’objectif qu’elle avait posé en août de rendre le tiers payant « généralisable », c’est-à-dire facultatif, « dans le courant de l’année 2018 », la ministre répond : « nous tiendrons l’engagement », sans confirmer ce calendrier.
Les syndicats de médecins libéraux sont depuis le départ opposés à cette mesure emblématique de la réforme de 2016 portée par Marisol Touraine, synonyme selon eux de nouvelles contraintes administratives ou de problèmes de paiement.