On a passé dix jours avec l’iPhone X, voici notre verdict
On a passé dix jours avec l’iPhone X, voici notre verdict
Par Nicolas Six
Le nouveau smartphone d’Apple rompt franchement avec ses ancêtres. Parvient-il à justifier son tarif « stratosphérique » ?
La grande nouveauté de l’iPhone X, c’est son immense écran qui l’habille de pied en cap : un indéniable plaisir visuel au quotidien. Cet afficheur gargantuesque impose des changements importants à l’iPhone. Le bouton central disparaît, le déverrouillage évolue, l’ergonomique est chamboulée. Le « X » est-il confortable à utiliser ? Son écran sans bord est-il utile ? Son prix exorbitant de 1 160 euros est-il justifié ?
L’esthétique est son principal atout
Le plaisir visuel offert par l’iPhone X serait moindre si son écran n’était pas aussi agréable. Grâce à la technologie OLED, ses couleurs sont particulièrement naturelles, ses contrastes plus profonds, et sa luminosité demeure très vive. Sur ce nouvel écran, les images paraissent un peu plus réelles que sur les anciens modèles.
Le pourtour du X troque l’aluminium pour un acier brillant à l’aspect chromé. L’ensemble forme un tout séduisant, mais pas nécessairement plus élégant que son principal concurrent, le Samsung Galaxy S8, particulièrement élancé.
Nicolas Six pour Le Monde
Au sommet de l’écran, une petite encoche noire rompt l’harmonie générale du X. Elle loge le haut-parleur et divers composants. Une fausse note dans une fort belle partition ? Ou un choix logique de design ? Sur tout mobile, cette zone affiche l’heure et le niveau de batterie. Ces informations n’ont nullement besoin de toute la largeur de l’écran pour s’étaler. Chacun aura son opinion sur la question, mais cette curieuse encoche marque désormais l’identité Apple. Il faudra s’y habituer.
Nicolas Six pour Le Monde
Un déverrouillage plus serein
Il suffit de présenter son visage à l’iPhone X pour le déverrouiller. Une opération simple, qui demande moins de concentration, moins d’adresse que d’entrer un mot de passe ou poser son doigt sur le lecteur d’empreintes. Grâce à « Face ID », franchir la barrière qui protège l’iPhone devient plus transparent. Seuls les utilisateurs pressés et particulièrement adroits se plaindront des lenteurs de ce système comparativement à Touch ID (déverrouillage par empreintes).
Face ID reconnaît le visage de son propriétaire même lorsqu’il chausse des lunettes, change de coupe de cheveux, se maquille. Quand Face ID bloque, il suffit de rapprocher le mobile du visage pour lever le verrou. Toutefois, ce geste s’avère indélicat lorsqu’on discute avec un proche, ou lorsqu’on assiste à une réunion importante.
Côté sécurité, Face ID est très difficile à prendre en défaut. Les mesures du visage du propriétaire sont abritées dans une mémoire chiffrée très sûre, au sein du mobile. Impossible de flouer Face ID avec une simple photographie. Impossible de réveiller le téléphone en le présentant devant le visage de son propriétaire assoupi : ses yeux doivent être ouverts.
Si Face ID est une belle réussite, quelques utilisateurs auraient apprécié qu’Apple combine reconnaissance digitale et faciale. Pour eux, le capteur d’empreintes demeure plus rapide et plus discret. Associé à Face ID, il aurait comblé les professionnels qui ont besoin d’un haut niveau de sécurité.
Ecran sans bord : pas si utile
L’écran du X affiche la même surface que l’iPhone Plus – 83 cm² – dans un format plus compact :
Nicolas Six pour Le Monde
Malheureusement, l’écran du X est beaucoup moins large que celui du Plus. La largeur est pourtant le point-clef d’un écran. Elle conditionne la lisibilité des textes, des icônes, et le confort du clavier. L’iPhone X ne fait pas de miracle : sa largeur d’affichage est à mi-chemin entre celle de ses « frères ».
Quentin Hugon pour Le Monde
Le X inaugure un curieux format d’écran 19/9e, très allongé vers le haut. Peu d’applications en tirent bénéfice. Certaines en souffrent même : les photographies et les vidéos n’occupent pas tout l’écran. Les cartes géographiques sont inutilement étirées vers le haut. Mais quelques applications populaires profitent bien du 19/9e. Twitter, WhatsApp et toutes les applications de messagerie exploitent le surplus d’espace vertical.
Quentin Hugon pour Le Monde
Un confort en régression
Le X ne sera pas à l’aise dans toutes les paumes. Plus grand que l’iPhone classique, il tient confortablement seulement dans les grandes mains. Le pouce souffre. L’écran du X est si haut qu’il devient difficile d’atteindre son sommet. Le problème est aussi gênant que sur l’iPhone Plus. Le sommet de l’écran est pourtant une zone où le pouce se promène souvent. Beaucoup d’applications y ont logé leurs boutons.
Quentin Hugon pour Le Monde
Le bas de l’écran est moins difficile d’accès, mais pour l’atteindre, il faut tenir le mobile très bas en main. Apple est conscient du problème. Le clavier de l’iPhone X n’est pas collé tout en bas de l’écran, comme sur ses prédécesseurs, il est logé inhabituellement haut pour faciliter la frappe.
L’écran sans marge de l’iPhone X pose un dernier souci ergonomique : celui de savoir par où le saisir. Aucune zone n’est destinée à accueillir les doigts. C’est particulièrement gênant lorsqu’on bascule le mobile en mode paysage. Heureusement, le X parvient bien à distinguer les manipulations non désirées des interactions volontaires.
Toujours aussi simple
Exit le bouton au bas de l’écran, qui simplifiait tant l’usage de l’iPhone. Apple a heureusement fort bien pensé la transition : désormais, pour accéder à la page d’accueil du smartphone, il suffit de balayer l’écran de bas en haut. La plupart des utilisateurs n’auront que ce geste à apprendre. Ce mouvement sert également à fermer les applications : on voit l’application rapetisser, puis venir se ranger parmi les icônes voisines dans une belle trajectoire courbe. Une trouvaille ergonomique brillante, qui réconcilie œil et doigt.
Malheureusement, pour que ce geste fonctionne, il faut poser le doigt tout au bas de l’écran. Cela force à tenir le mobile très bas, en déséquilibre dans la main. Comme le pouce n’est pas télescopique, le mobile doit voyager dans la main pour permettre au pouce de toucher toutes les zones. Notamment pour ouvrir le panneau de raccourcis rapides, qui a déménagé tout en haut de l’écran. Cette gymnastique du glissement haut-bas est désagréable. Elle fait perdre du temps et augmente le risque de chute.
L’iPhone inaugure une série de raccourcis gestuels inédits. Seuls les débrouillards en auront réellement besoin, et ils apprendront vite. Le geste qui ouvre la liste des applications précédentes est lent, mais on le remplacera avantageusement par celui-ci :
Des photos douces et chaleureuses
Le X prend des photographies très proches du Samsung S8, son principal concurrent. La nuit, on note un léger mieux pour l’iPhone, dont les images paraissent un rien plus propres. De jour, on ne peut les départager qu’avec un regard subjectif. Les images du Samsung sont plus dures : plus contrastées, plus nettes, parfois plus sombres. Celles d’Apple sont plus douces et plus chaudes. Une affaire de goût.
Lorsqu’on photographie un paysage, difficile de distinguer les photos des iPhone X et 8 Plus. Pour faire un portrait, ces deux mobiles disposent d’un second capteur doté d’un petit zoom, lequel fait défaut dans le Samsung. Les portraits tirés avec l’iPhone X sont un tout petit peu meilleurs qu’avec l’iPhone 8 – mais il faut plisser les yeux pour voir la différence.
Côté vidéo, la stabilisation de l’iPhone X est comparable à celle du 8 : excellente mais guère meilleure que sur Samsung. Le X n’a pas de prise audio, il faut y raccorder un adaptateur. Ce qui s’avère pénible. Heureusement, la qualité sonore est remarquable, alliant précision et équilibre.
Batterie : quelques heures de plus
L’autonomie de l’iPhone X est proche de celle de l’iPhone Plus, environ 20 % supérieure à celle de l’iPhone classique. Le X peut être posé sur une station de recharge sans fil, qu’Apple ne fournit pas malgré l’addition salée. Mieux vaut investir dans un bon chargeur. La recharge sans fil sera plus rapide, et on risquera moins de se réveiller le matin avec un smartphone non chargé.
Fragile comme du verre
L’assureur américain SquareTrade a soumis l’iPhone X a sa traditionnelle batterie de crash tests. Le résultat est catastrophique. Le X est tout simplement le plus fragile des iPhone jamais testés. Sa note de durabilité est nettement inférieure à celle du Galaxy S8, dont les marges d’écran sont pourtant beaucoup plus étroites. Le choix de l’acier alourdit le X, ce qui augmente la violence des chutes. La conclusion est simple : une coque de protection s’impose. Apple facture la réparation 320 à 610 euros, selon les cas.
Nicolas Six pour Le Monde
Emoticônes animées : chausser la tête d’un animal
Les capteurs de Face ID ont un usage ludique qui réveillera l’âme d’enfant de certains utilisateurs. Il devient possible de remplacer sa tête par celle d’un poulet, d’un singe ou d’une licorne, pour enregistrer un court message vidéo. Les mouvements du visage et les expressions faciales sont bien retranscrites. Le résultat est amusant et peut être envoyé à un mobile Android sous forme de vidéo.