C’était pourtant une jolie idée, celle du centre artistique Recyclart à Bruxelles. Ce lieu alternatif dédié à l’art s’était donné pour mission de créer un musée mobile et itinérant, fait de boîtes remplies d’images.

Dans chacune de ces boîtes, disséminées un peu partout dans la ville, l’œuvre d’un photographe, chaque fois différent. Les spectateurs ne savent pas à l’avance sur lequel ils vont tomber. Plusieurs institutions ont participé à l’opération et ont accueilli les boîtes, comme le centre d’art contemporain Wiels, ou la Koninklijke Academie d’Anvers.

Seulement voilà, cette exposition mobile et itinérante s’appelait, avec une pointe d’ironie « Musée de la photographie de Bruxelles ». Or, il y a déjà un Musée de la photographie en Belgique, à Charleroi, qui n’a pas apprécié la plaisanterie. Il a exigé le retrait de ce nom, car il pourrait créer la confusion chez les visiteurs et même nuire à son image, selon la RTBF. Pour bien marquer son désaccord, le musée de Charleroi a menacé de réclamer en justice 500 euros à chaque utilisation du nom.

« Notre volonté de décloisonnement est aux antipodes des demandes d’exclusivité »

Dans une lettre ouverte signée par plusieurs dizaines de personnalités du monde de l’art bruxellois, Recyclart dit ne pas avoir voulu usurper le titre de « Musée de la photographie ». « C’est naturellement un grand clin d’œil. Une preuve de son originalité et de son sens de l’humour. »

« Bien entendu, le Musée de la photographie de Bruxelles/Museum van de fotografie van Brussel n’est pas un musée. C’est clair aux yeux des photographes, c’est clair aux yeux des visiteurs, c’est clair aux yeux du Recyclart. »

Et pour que ce soit clair aux yeux de leurs collègues de Charleroi et de la justice, Recyclart « continuera sa vie », grâce à une contrepèterie assumée : « Fusée de la motographie ». Sur leur page Facebook, ils écrivent :

« Cela ne veut aucunement dire que nous sommes d’accord avec les exigences et revendications du Musée de la photographie de Charleroi. (…) Notre volonté de décloisonnement est aux antipodes des demandes d’exclusivité, dont celle qui nous occupe ici. Faisons en sorte de transformer ce contentieux en débat ouvert et public, dans l’intérêt de l’art. »