Le nombre d’éléphants d’Afrique, après avoir augmenté jusqu’au milieu de la décennie précédente, est reparti nettement à la baisse du fait du braconnage. / MARTIN BUREAU / AFP

La Maison Blanche n’a pas mis beaucoup de temps pour battre en retraite. Donald Trump a annoncé sur son compte Twitter, vendredi 17 novembre en début de soirée, qu’il gelait jusqu’à nouvel ordre la décision publiée le jour même sur l’équivalent américain du Journal Officiel d’autoriser à nouveau l’importation de trophées de chasse à l’éléphant.

Un peu plus tôt, sa porte-parole, Sarah Sanders, ne s’était guère montrée combative pour la défendre. Elle s’était en effet défaussée sur l’administration précédente en assurant que le revirement était le produit d’un processus engagé par des spécialistes de la protection des espèces avant l’arrivée du républicain à la Maison Blanche.

Au sein du Parti républicain, des voix commençaient déjà à s’ajouter à celles d’organisations de protection de l’environnement. Circonstance aggravante, la levée de cette interdiction avait été annoncée par le Safari Club International Foundation, qui défend ce type de chasse, avant même que l’administration concernée, l’U.S. Fish and Wildlife Service (USFWS), ne l’officialise. La National Rifle Association, le lobby pro armes à feu américain, s’en était bruyamment félicitée.

Le nombre d’éléphants en baisse

L’U.S. Fish and Wildlife Service (USFWS) assurait pour se justifier que l’importation de trophées de pachydermes tués au Zimbabwe et en Zambie entre le 21 janvier 2016 et le 31 décembre 2018 « améliorera la survie de l’éléphant d’Afrique », en se fiant dans le premier cas aux assurances données par les autorités locales. Un argument taillé en pièces par le président républicain de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ed Royce (Californie) compte tenu de l’incertitude politique qui prévaut dans ce pays depuis un coup de force de militaires, le 14 novembre.

La « bonne gouvernance » est pourtant un critère jugé indispensable en la matière par l’USFWS. Auparavant, une chroniqueuse vedette de la chaîne conservatrice Fox News, Laura Ingraham, s’était déjà interrogée sur son compte Twitter. « Je ne vois pas comment cela ne va pas AUGMENTER un horrible braconnage », avait-t-elle déploré.

Le nombre d’éléphants d’Afrique, après avoir augmenté jusqu’au milieu de la décennie précédente, est reparti nettement à la baisse depuis, justement du fait du braconnage. Dans le texte publié par le Federal Register, l’USFWS s’était ménagé une marge de manœuvre en assurant qu’elle reviendrait immédiatement sur sa décision si des informations nouvelles contredisaient celles qui l’étayent aujourd’hui.

Les fils de Trump passionnés de chasse

Sous la pression, M. Trump a décidé de ne pas attendre. Le secrétaire à l’intérieur, Ryan Zinke, un fervent défenseur de la chasse, a soudainement jugé « essentielle » la protection des animaux. Cette détermination sera rapidement mise à l’épreuve : il doit se prononcer le 27 novembre sur les mesures de l’administration précédente visant à protéger le tétras des armoises, un oiseau des plaines américaines, qui pénaliseraient selon lui l’économie des régions concernées.

En 2016, un rapport d’un représentant démocrate de l’Arizona, Raul Grijalva, a passé au crible la thèse de l’U.S. Fish and Wildlife Service concernant les bienfaits de la chasse. Ce rapport qui a pour titre « Une cible manquée » a conclu qu’aucun élément ne prouve que l’actuel système permet d’augmenter les chances de survie des espèces menacées les plus convoitées par les chasseurs.

Cette enquête avait été lancée après l’émoi suscité par la mort d’un lion célèbre du Zimbabwe suivi par des universitaires d’Oxford, braconné par un dentiste américain. Aucune poursuite n’a alors été engagée par les autorités du pays contre le chasseur, ni contre l’organisateur du safari. L’USFWS a d’ailleurs autorisé, il y a un mois, les importations de trophées de chasse au lion pour les deux mêmes pays. Une extension serait également à l’étude pour la Namibie, la Tanzanie et le Mozambique.

Une photo du fils aîné du président, réputé comme son frère cadet pour sa passion de la chasse, était revenue avec insistance après l’annonce du revirement américain. Sur le cliché, Donald Trump Jr. posait fièrement en 2011 à côté du cadavre d’un pachyderme. Un souvenir devenu encombrant.

Le soutien de la chasse aux éléphants par l’administration Trump soulève l’indignation
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