Allison Pineau après la victoire de la France contre la Hongrie, le 10 décembre 2017, à Leipzig (Allemagne). AFP / dpa / Hendrik Schmidt / HENDRIK SCHMIDT / AFP

Pour se qualifier en finale du championnat du monde, l’équipe de France féminine de handball s’est trouvée une sauveuse à la fois improbable et bien connue : Allison Pineau, auteure de deux buts et deux passages en force provoqués dans les dernières minutes de la rencontre face à la Suède (24-22), n’aurait pas dû disputer ce Mondial en Allemagne.

Le retour en forme au bon moment de la prodige du handball français sera un atout incontournable au moment d’affronter une Norvège impressionnante depuis le début de la compétition (17h30).

Quelques minutes après la demi-finale, Allison Pineau prenait la même place que la gardienne Amandine Leynaud dans les remerciements de ses coéquipières : « Allison a pris ses responsabilités sur la fin. Je n’ai qu’une chose à lui dire, respect, parce que n’est pas facile de revenir après un si long arrêt », a dit Siraba Dembélé, la capitaine des Bleues.

Opérée à la cheville droite, au mois de juillet, l’ex-meilleure joueuse du monde (en 2009) n’était pas censée retrouver les terrains avant la fin décembre, dans le meilleur des cas. Fin septembre, après son opération, elle envisageait un retour pour un match de championnat contre Nantes, le 30 décembre. Mais son calendrier s’est accéléré, et la Brestoise a finalement pu voir une ouverture pour participer aux championnats du monde en Allemagne.

« On parlait d’abord de six à neuf mois d’arrêt, et plutôt de neuf que de six. A ce moment-là, le Mondial c’était niet. Mais une fenêtre s’est ouverte en octobre après la visite du chirurgien. J’ai commencé à me dire qu’il y avait peut-être une possibilité que je sois là », expliquait-elle à l’AFP au début de la compétition.

« Une année rétrécie en quinze jours »

En constante communication avec le staff français lors de sa convalescence, elle a réussi à convaincre Philippe Bana, le directeur technique national et Olivier Krumbholz, le sélectionneur, de l’intégrer au groupe, alors même qu’elle n’avait pas repris la compétition avec son club.

« C’était un défi pour nous, explique aujourd’hui Philippe Bana. Mais très honnêtement, quand elle est venue m’en parler, on a compris avec Olivier Krumbholz que c’était un défi personnel pour elle. On croyait en ce qu’elle nous racontait. C’était un combat pour avancer. On l’a mise dans la liste, même si Olivier n’était pas certain à 100% qu’elle serait là, mais c’était un pari. Quand on se regardait, on croyait en ce qu’elle disait. Elle a réussi à nous convaincre de l’intégrer dans la liste, même si on n’est pas fou : on savait que c’était bon médicalement. On voyait qu’il y avait une détermination extraordinaire. »

Ses performances en préparation, le fait que ses remplaçantes n’aient « pas forcément donné tous les gages de performance », selon L’Equipe et les promesses de ce qu’elle pourrait apporter au fil de la compétition ont fini par convaincre le staff de la retenir pour le championnat du monde en Allemagne.

Malgré un début de compétition compliquée, l’arrière française a réussi petit à petit à retrouver le niveau qu’on lui connaissait, avant sa démonstration de vendredi en demi-finales, continue le DTN français.

 « C’est un peu une année rétrécie en quinze jours, une sorte de compression du temps. Elle passe au travers de ses premiers matchs, parce qu’elle pensait pouvoir tout faire tout de suite. Elle voit qu’au premier match, ça ne marche pas. Alors, elle repart de zéro.
Lors du deuxième match, elle fait des petites choses et les réussit. Lors du troisième, elle fait des choses plus sérieuses et puis ne fait que défendre. Elle se remet à attaquer sérieusement, à organiser le jeu, à tenter sa chance pour marquer des buts.
Et vendredi, elle a fait l’ultime : quand dans le money-time , votre équipe a besoin de vous pour faire la différence. C’était la dernière chose qui manquait à son jeu. Maintenant, il en manque encore un petit peu pour dimanche, et ça pourrait la ramener à son niveau des Jeux olympiques ou de 2011. »

En 2011, l’arrière française, alors deuxième meilleure joueuse du monde, avait buté sur les Norvégiennes en finale de championnats du monde (32-24). Six ans plus tard, elle a l’occasion d’aller chercher un premier titre avec son pays, elle qui a déjà perdu trois finales internationales.

Gregor Brandy