700 millions d’euros débloqués pour le budget 2017 des armées
700 millions d’euros débloqués pour le budget 2017 des armées
Par Nicolas Chapuis
La suppression d’une partie des crédits avait provoqué la démission du général de Villiers.
Dans la bataille budgétaire qui l’oppose à Bercy, Florence Parly vient de remporter une petite victoire. La ministre des armées a obtenu le déblocage des 700 millions d’euros de crédit encore gelés pour l’exercice 2017. « Je m’y étais engagée, je l’ai obtenu. Le budget des armées confirme sa remontée en puissance. On avance », a-t-elle écrit sur Twitter, mercredi 27 décembre. Une information confirmée au Monde par Bercy. Après le revers de cet été – 850 millions d’euros de crédits gelés avaient été tout bonnement annulés –, ce déblocage in extremis avant la fin de l’année est un soulagement pour la ministre, bonne connaisseuse de ces questions pour avoir été secrétaire d’Etat au budget sous Lionel Jospin, entre 2000 et 2002.
La suppression des crédits au mois de juillet avait provoqué la démission du général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées, et une crise sans précédent entre l’institution militaire et le gouvernement. Ce dégel de décembre, très attendu par les armées, a évidemment une portée symbolique : il devrait permettre de détendre un peu les relations en montrant la bonne volonté de Bercy, même si de nombreux sujets de débat restent sur la table. Il a également une dimension pratique immédiate : il devrait permettre à la direction générale des armées de régler quelques dépenses de fonctionnement urgentes. En septembre, on estimait à 1 milliard d’euros le manque à gagner pour terminer l’année.
« Reste à payer »
Le déblocage des 700 millions d’euros pour clôturer l’exercice 2017 ne règle cependant pas tous les soucis dans l’immédiat. La joute devrait désormais se porter sur le terrain des « reste à payer », ces engagements pris sans les crédits correspondants. Bercy a l’intention de les plafonner au niveau de 2017. Or, sur les 107 milliards d’euros en question, 50 milliards concernent la défense, qui est de loin le premier investisseur étatique. Les achats d’équipements – navires, blindés, avions… – s’étalent souvent sur plusieurs décennies. D’énormes chantiers sont, qui plus est, encore à venir, comme celui des quatre prochains sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.
L’Etat espère cependant que ce geste permettra de faire patienter les armées jusqu’au prochain exercice budgétaire, qui devrait être plus favorable. En septembre, le ministère des armées avait annoncé que ses crédits pour 2018 allaient être augmentés de 1,8 milliard d’euros (portés à 34,2 milliards). La hausse devrait se poursuivre chaque année pour atteindre 41 milliards en 2022. A terme, l’engagement pris est celui d’un budget représentant 2 % du PIB en 2025. Mais cette hausse devra tenir compte de l’intégration des dépenses liées aux opérations extérieures – jusqu’à présent assumées par la solidarité interministérielle – qui représentent 650 millions d’euros pour 2018 et qui sont estimées à 1,1 milliard d’euros en 2020.
Avec cette petite victoire de fin d’année, Florence Parly s’achète donc du temps et de la crédibilité auprès d’une institution sous tension. Deux atouts indispensables en vue de la prochaine négociation de taille, celle de la loi de programmation militaire 2019-2025, à l’été prochain.