Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi au Caire, le 11 décembre. | Alexander Zemlianichenko / AP

C’est sur le volet judiciaire de la lutte antiterroriste égyptienne que de nouvelles critiques ont été formulées par les organisations de défense des droits de l’homme. Mardi 26 décembre, sept organisations, dont l’Initiative égyptienne pour les droits personnels, le Centre Nadeem contre la violence et la torture, ainsi que la Commission égyptienne pour les droits et les libertés, ont condamné l’exécution par pendaison, le jour même, de quinze activistes islamistes, condamnés pour leur rôle dans l’attaque du 15 août 2013 contre un point de contrôle militaire, qui avait coûté la vie à un officier et à huit conscrits de l’armée.

Ces quinze condamnations à mort prononcées par un tribunal militaire – un record depuis le début de la lutte contre l’insurrection djihadiste dans le nord de la péninsule du Sinaï en 2013 – sont entachées de vices de procédure, ont estimé les défenseurs des droits de l’homme dans un communiqué. L’un des quinze condamnés à mort a été torturé en détention, soulignent-elles, et les familles n’ont pas été autorisées à les voir le jour de leur exécution, comme l’exige la loi. Trois autres accusés ont été acquittés et un mineur condamné à cinq ans de prison.

Les organisations égyptiennes s’inquiètent de l’extension de la juridiction des tribunaux militaires dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » lancée en 2014, ainsi que de « l’usage politique » de la peine capitale. Depuis un décret présidentiel du 27 octobre 2014, la juridiction des tribunaux militaires a été étendue aux atteintes aux institutions et lieux vitaux de l’Etat.

L’arsenal juridique antiterroriste – qui n’offre pas toutes les garanties de respect des droits de la défense – a été utilisé pour justifier l’arrestation et l’ouverture de poursuites contre des milliers de sympathisants de la confrérie des Frères musulmans et du président islamiste Mohamed Morsi, renversé par l’armée en juillet 2013, et contre des voix de gauche et laïques critiques du régime. Les signataires du communiqué « demandent que la juridiction des tribunaux militaires sur les civils soit limitée et que l’application de la peine capitale soit immédiatement suspendue ».