A Paris, 2 400 manifestants contre les réformes de l’université et du bac
A Paris, 2 400 manifestants contre les réformes de l’université et du bac
Le Monde.fr avec AFP
Des blocages et défilés à l’appel de syndicats de l’éducation, d’étudiants, de lycéens et de parents d’élèves étaient organisés en France jeudi, pour la première journée de mobilisation.
Dans la manifestation à Lille, le 1er février. / PHILIPPE HUGUEN / AFP
Contre les réformes de l’accès à l’université et du baccalauréat, plusieurs syndicats de personnels de l’éducation (FSU, CGT, FO, SUD Education), des organisations d’étudiants (UNEF, Solidaires), de lycéens (SGL, UNL) et de parents d’élèves (FCPE) ont appelé, jeudi 1er février, à une journée de mobilisation nationale. Ce premier rendez-vous, auquel doit succéder un second dès la semaine prochaine, mardi, a été marqué par des blocus et défilés de faible ampleur, à travers la France.
Blocages et manifestations
Parcours sup' on est pas dupes ! #Sélection
400 lycéens dans la rue à #Lyon https://t.co/Kb79Ak1IFN
— CyrilEscf (@Cyril E)
A Paris, après des assemblées générales organisées dans plusieurs universités (Paris-XIII, Panthéon-Sorbonne, Paris-Nanterre…), personnel de l’enseignement supérieur, étudiants et lycéens se sont retrouvés à 14 heures sur le campus de Jussieu avant de se diriger vers l’emblématique université de la Sorbonne. A la fin de la manifestation, le syndicat Snesup-FSU estimait à 10 000 le nombre de manifestants dans le cortège parisien. La préfecture de police de Paris parle, elle, de 2 400 personnes.
« C’est une première date dans la mobilisation », commente dans le cortège Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup-FSU. Selon lui, « de nombreux collègues ne sont pas encore au courant de la loi et du fonctionnement de Parcoursup [la nouvelle plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur], qui généralise la sélection à toutes les filières et la mise en concurrence des bacheliers, des lycées, des universités ».
Ailleurs en France, certaines universités, telles celles de Rennes-II et de Toulouse-Jean-Jaurès, ont été bloquées, afin de permettre aux étudiants de participer aux manifestations. « Nous dénonçons une précarité encore plus grande des étudiants. Ce système de sélection va créer des catégories d’élites », a dit à l’AFP le représentant de l’UNEF à Toulouse, Célian Malosse. Selon des sources syndicales, le cortège toulousain aurait rassemblé entre 1 000 et 2 500 personnes.
Aujourd'hui plus de 1000 personnes en AG à @UTJeanJaures contre la selection, la fusion, la suppression de la comp… https://t.co/uXIBGo5Fyt
— UnefToulouse (@UNEF Toulouse)
D’autres défilés ont réuni quelques centaines de manifestants chacun. L’AFP a fait état de 420 personnes à Lyon, 150 à Grenoble et à Angoulême, 300 à Bordeaux, où des étudiants ont défilé dans la matinée avec des pancartes affichant « Sélection, Bacs VIP, members only », ou « Tout le monde déteste la sélection ». Sur le réseau social Twitter, des manifestants ont également posté, sous le mot-clé #NonALaSelection, des photos ou vidéos des cortèges à Lille, Marseille, Nantes, Caen, Clermont-Ferrand...
Des lycéens s’étaient mobilisés en début de journée. « A 10 heures, une dizaine d’établissements étaient perturbés, dont quatre par des blocages partiels, n’empêchant pas les élèves de rentrer en cours, selon le rectorat de Paris. Pour les autres, il y a eu des tentatives avortées. » A Marseille, Lille, Caen, Thiers, des blocages de lycée étaient aussi signalés.
A caen TROIS LYCÉE EN BLOCAGE ( Rostand, Malherbe et Charles De Gaulle) pour que la fac reste ouverte à toutes et à… https://t.co/FhEozopO6j
— gramronoa (@Léa)
A la mi-journée, le ministère de l’éducation nationale a communiqué les taux de participation au mouvement de grève des enseignants du second degré : 1,05 % en moyenne. A noter que le SNES-FSU, principal syndicat d’enseignants dans le second degré, a surtout appelé à la grève pour mardi.
Contre la sélection
Les signataires de l’appel à la mobilisation demandent en effet le retrait du projet de loi réformant l’accès à l’université. Celui-ci, adopté par l’Assemblée nationale en décembre, sera examiné au Sénat les 7 et 8 février. Il fixe des compétences « attendues » pour chaque filière. En fonction de l’adéquation entre le profil des candidats et ces attendus, les formations universitaires classeront dorénavant tous les dossiers qu’elles recevront. Ce classement servira à orienter les étudiants vers des parcours de remise à niveau s’ils ne remplissent pas ces prérequis, et à les départager lorsque le nombre de candidatures dépasse celui des places disponibles. Un processus qualifié par ses opposants de « sélection déguisée ».
Dans le cortège parisien, Hélène, étudiante en deuxième année de licence géographie et aménagement, commente : « Si les attendus avaient été mis en place à mon époque, je n’aurais jamais été prise. » « On a vécu APB, on est d’accord que le tirage au sort n’est pas une bonne solution, mais cette sélection dure qui va mener à une fac d’élite, ça ne nous va pas non plus », renchérit sa camarade Maria.
« Ce ne sont plus les étudiants qui vont choisir leur université, mais les universités qui vont choisir les étudiants . Ce qui s’organise, c’est une pépinière des premiers de cordée. Les autres n’auront que des miettes », estime Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine. Son groupe d’élus a déposé, jeudi également, un recours contre la plate-forme Parcoursup devant le Conseil d’Etat.
La FAGE, premier syndicat étudiant, et le SGEN-CFDT (syndicat d’enseignants), soutiennent de leur côté la réforme, tout en demandant des moyens supplémentaires pour l’enseignement supérieur.
Selon les derniers chiffres du ministère de l’enseignement supérieur, 370 000 candidats ont d’ores et déjà rempli leur dossier sur la plate-forme d’admission post-bac Parcoursup, sur les 800 000 inscriptions attendues (futurs bacheliers et étudiants en réorientation). Ils ont jusqu’au 13 mars pour valider leurs vœux d’orientation.
Quant à la réforme du bac, le projet qui sera présenté le 14 février devrait notamment proposer un examen ramené à cinq épreuves (dont celle de français en première et un grand oral en terminale), au lieu de dix à quinze actuellement, avec une place plus importante réservée au contrôle continu.