A Pyongyang, le 8 février. / AP

A vingt-quatre heures de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, la Corée du Nord profite à plein de cette exposition médiatique, envoyant au Sud des artistes, des centaines de pom-pom girls, ainsi que la sœur de son dirigeant. Mais au même moment, des milliers de soldats et des centaines de véhicules blindés ont été vus il y a quelques jours en train de répéter une parade militaire dans la capitale, a fait savoir Séoul.

A la différence du dernier défilé militaire d’avril 2017, la télévision officielle nord-coréenne n’a pas diffusé en direct celui de jeudi. Le Nord a annoncé en janvier qu’il célébrerait cette année le 70e anniversaire de son armée le 8 février, au lieu du 25 avril. La nouvelle a pris les capitales étrangères de court, après le spectaculaire revirement diplomatique amorcé par Pyongyang début janvier.

D’après les analystes, le Nord entend avec cette double approche normaliser son statut « d’Etat nucléaire de facto », tenter d’obtenir l’adoucissement des sanctions et enfoncer un coin dans la relation Séoul-Washington.

« Nous n’avons aucune intention de rencontrer les Etats-Unis »

Pyongyang a, cependant, affirmé qu’il ne transformera pas les Jeux d’hiver en tribune politique, selon l’agence officielle de presse nord-coréenne KCNA qui ajoute que les émissaires du régime nord-coréen n’ont nullement l’intention de discuter avec les représentants des Etats-Unis en marge de cette manifestation sportive.

Le ministère de l’unification sud-coréen a annoncé, mercredi, que la sœur cadette du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un assisterait à la cérémonie d’ouverture des Jeux. Le vice-président américain, Mike Pence, sera aussi au nombre des dignitaires étrangers présents. Agée de 28 ans, Kim Yo-jong sera la première membre de la dynastie au pouvoir à Pyongyang depuis la guerre de Corée à se rendre au sud de la ligne de démarcation.

Ce geste d’apaisement n’a guère ému Mike Pence qui, en visite à Tokyo, a promis de dévoiler sous peu de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, « régime le plus tyrannique et le plus oppressif au monde ». Le vice-président des Etats-Unis a mis en garde le président sud-coréen Moon Jae-in sur la volonté de Pyongyang d’utiliser les JO à des fins de propagande. « Nous ne permettrons pas à la Corée du Nord de cacher derrière la bannière olympique la réalité de l’asservissement de son peuple et de sa menace pour la région tout entière », a-t-il martelé.

Pence n’a pas exclu la possibilité de s’entretenir avec des représentants de Pyongyang en marge des Jeux, mais le président Donald Trump, dont la fille Ivanka sera présente à la cérémonie de clôture, a émis un doute sur l’utilité de discussions avec les Nord-Coréens dans un proche avenir. « Nous n’avons jamais mendié un dialogue avec les Etats-Unis et cela va continuer ainsi », a déclaré le directeur général du département chargé de l’Amérique du Nord au ministère des affaires étrangères nord-coréen, cité jeudi par KCNA. « Pour être clair, nous n’avons aucune intention de rencontrer les Etats-Unis lors de notre visite en Corée du Sud », a ajouté Cho Yong-sam.