Il modèle la céramique à l’image de sa pensée : a(r)gile et iconoclaste. Pour son nouvel accrochage, l’artiste flamand Johan Creten tente de ralentir la visite en semant le parcours de bittes d’amarrage émaillées qui invitent à savourer son art du double sens. Assis sur ces socles, le visiteur peut ainsi observer aux murs toutes sortes d’épidermes – des visages, des « vulva » en bronze doré, la peau d’une orange, une bouche d’où sort une perle. Mais aussi de voilures : voiles de femmes, voilages qu’il a ajoutés aux fenêtres. A ces joyeuses et transgressives polysémies se greffe l’inquiétante étrangeté de diverses proliférations (fleurs, insectes, taches…), et de ses récents bronzes : des oiseaux hybrides, comme mazoutés, qui semblent se désintégrer. De résonances écologiques en échos sociétaux, le parcours permet de redécouvrir deux de ses interventions anciennes, documentées par des photographies. Il y est question de réparer des logements sociaux avec des reliefs muraux et de révéler la nature hostile d’un portique de parking qui s’avère être un aménagement anti-Gitans.

Johan Creten - Sunrise / Sunset - Galerie Perrotin, Paris by Nikolai Saoulski
Durée : 03:43

« Sunrise/Sunset », de Johan Creten. Galerie Perrotin, 76, rue de Turenne, Paris 3e. Du mardi au samedi, de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 10 mars. www.perrotin.com