Fallait-il baisser drastiquement le nombre des contrats aidés ? Dans un rapport, dévoilé mercredi 21 février par publicsenat.fr, les sénateurs Jacques-Bernard Magner (Parti socialiste) et Alain Dufaut (Les Républicains) jugent sévèrement le non-renouvellement d’une partie de ces emplois, décidé par le gouvernement à l’été 2017.

Ces contrats, subventionnés par l’Etat, étaient jusque-là largement utilisés par les collectivités locales et les associations et ont pour objectif de favoriser la réinsertion durable d’une partie des chômeurs. Leur nombre a été ramené de 320 000 en 2017 à 200 000 pour 2018.

Les deux parlementaires soulignent que de nombreux secteurs ont été touchés par cette baisse, « qu’il s’agisse de l’animation, de l’éducation, du sport, du tourisme social, du médico-social, de l’aide et des soins à domicile, de la petite enfance, des foyers de jeunes travailleurs, du spectacle vivant… »

Ils pointent en particulier la situation tendue dans les écoles, notamment lors de la dernière rentrée scolaire, ou encore dans les établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Pour justifier cette baisse des contrats aidés, le gouvernement avait fait valoir que ce dispositif était trop coûteux par rapport à ses bénéfices. « Ces contrats sont en réalité des contrats précaires subventionnés par l’Etat, donc le contribuable », et constituent « une aubaine » pour des employeurs, avait critiqué le premier ministre, Edouard Philippe, estimant que le développement de la formation serait « beaucoup plus efficace » pour aider au retour à l’emploi.

Précarité

Et si le gouvernement s’était « engagé à préserver certains secteurs (l’accompagnement des élèves en situation de handicap, l’urgence en matière sociale et de santé) ainsi que l’outre-mer et les communes rurales en difficultés financières fortes (…) ces mesures se sont avérées insuffisantes pour compenser à court terme les effets désastreux de la limitation drastique du nombre de contrats aidés », relèvent les élus dans leur rapport.

Pour MM. Magner et Dufaut, quelques mois après la décision de baisser drastiquement le nombre de ces emplois aidés, le constat est implacable : « Du jour au lendemain, des milliers de personnes ont de nouveau basculé dans la précarité. »

Face à cette situation tendue, les deux sénateurs proposent dans leur rapport de financer « temporairement » 50 000 contrats aidés supplémentaires « dédiés aux chômeurs de longue durée de plus de 55 ans », et 50 000 contrats réservés « aux associations de moins de cinq salariés ».