Donald Trump, à Washington, le 22 février. / Evan Vucci / AP

Le président sud-coréen aura tout fait pour que les émissaires nord-coréens et américains aient l’occasion de se parler en marge des Jeux. Mais l’annonce de nouvelles sanctions par l’administration Trump montre le peu d’entrain du gouvernement américain pour un tel échange. Washington a dévoilé, vendredi 23 février, une nouvelle interdiction de commercer avec plus de cinquante sociétés de transport maritime qui aideraient la Corée du Nord à contourner les sanctions onusiennes. Vingt-sept entreprises et 28 navires enregistrés en Corée du Nord, en Chine, à Singapour ou encore aux îles Marshall et au Panama sont visés par ce que Donald Trump a qualifié devant la grande conférence annuelle des conservateurs américains de « sanctions les plus lourdes jamais imposées contre un pays ».

Quelques heures plus tôt, sa fille Ivanka atterrissait à l’aéroport international d’Incheon, près de Séoul. La presse sud-coréenne n’a pu s’empêcher de comparer le choix du président américain de déléguer à la cérémonie de clôture des Jeux l’héritière, visage plus doux de l’exécutif américain, à celui fait deux semaines plus tôt par le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, de dépêcher à la cérémonie d’ouverture sa sœur, Kim Yo-jong. Son sourire avait contrasté avec l’image rigide qu’offre habituellement le régime et volé la vedette au vice-président américain, Mike Pence. Celui-ci était resté de marbre, un rang devant Mme Kim, durant les célébrations, puis s’était éclipsé à un banquet pour l’éviter. M. Pence a accusé quelques jours plus tard la délégation nord-coréenne d’avoir annulé « au dernier moment » une possible brève rencontre, tout en se félicitant de son discours rigide.

« Pression maximale »

Mme Trump a dit être venue en Corée du Sud pour réaffirmer la détermination américaine à imposer une « pression maximale » sur le Nord. La Maison Blanche a précisé qu’aucune rencontre avec les émissaires nord-coréens n’était prévue. Les Etats-Unis redoutent que le fait de serrer la main d’officiels nord-coréens ne soit considéré comme une reconnaissance de leur statut de puissance nucléaire.

Et ils craignent que Pyongyang, en jouant habilement de l’empressement du président sud-coréen, Moon Jae-in, à voir progresser le dialogue intercoréen, ne parvienne à ouvrir une large brèche dans le front des alliés des Américains contre son programme nucléaire.

Une solidarité déjà ébréchée par les sorties agressives de M. Trump se vantant d’avoir « un plus gros bouton » nucléaire que M. Kim, au mépris du sentiment de sécurité des habitants de la capitale sud-coréenne, située à une cinquantaine de kilomètres seulement de la zone démilitarisée.