Au Maroc, deux jeunes leaders de la protestation à Jerada appréhendés
Au Maroc, deux jeunes leaders de la protestation à Jerada appréhendés
Le Monde.fr avec AFP
Selon les autorités, les arrestations n’auraient pas de lien avec le mouvement social agitant l’ancienne ville minière depuis fin 2017.
Des manifestants dénoncent le chômage et la pauvreté, le 10 février 2018, à Jerada, ville du Maroc secouée par un mouvement de protestation depuis fin décembre 2017. / YOUSSEF BOUDLAL/REUTERS
Deux jeunes leaders de la contestation sociale qui agite depuis fin décembre 2017 l’ancienne ville minière de Jerada, dans le nord-est du Maroc, ont été arrêtés, samedi 10 mars, et se trouvaient toujours en détention dimanche, a-t-on appris auprès de leurs proches. Il s’agit, selon la même source, d’Amine Mkallech et de Mustapha Dainane.
L’arrestation de Mustapha Dainane est liée « à un accident de circulation […] causé le 8 mars à 1 heure du matin » et « n’a aucun rapport avec les événements que connaît la ville de Jerada », a indiqué un communiqué du procureur général d’Oujda, sans mentionner le cas de son camarade.
Celle d’Amine Mkallech serait aussi liée à cet accident, a indiqué à l’AFP Saïd Zeroual, un représentant local de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Très active, la page Facebook de Mustapha Dainane, reconnaissable avec sa photo de profil représentant le révolutionnaire russe Lénine, n’était plus consultable dimanche matin. D’autres pages Facebook de militants du mouvement social montraient dans la matinée des images de rassemblements contre ces arrestations, mais ces photos n’étaient plus consultables dimanche après-midi. « Le peuple veut la libération des détenus », indiquait l’une de ces pages sous leurs deux portraits en noir et blanc.
Mesures insuffisantes
La mort accidentelle de deux frères, piégés dans une galerie fin décembre à Jerada, suivie depuis de deux autres décès dans des conditions similaires, a donné lieu à des manifestations pacifiques pour demander des « alternatives économiques » pour cette ville sinistrée par la fermeture des mines de charbon en 1998.
Depuis, des centaines de mineurs clandestins risquent leur vie dans des puits de mine fermés pour extraire du charbon dont la vente est légale grâce à des permis d’exploitation délivrés par les autorités.
Un plan d’action proposé en février par le gouvernement, comprenant notamment des soins pour les anciens mineurs atteints de silicose et des contrôles dans les puits fermés, avait calmé le mouvement, mais des rassemblements de protestation et des appels à la grève générale continuent ponctuellement, certains jugeant ces mesures insuffisantes.
Pour les autorités locales, il s’agit là d’une « poignée de réticents qui ont d’autres objectifs que les revendications économiques », alors que les protestataires – parmi lesquels Mustapha Dainane et Amine Mkallech –, disent représenter les demandes de la population.