Formule 1 : préhistoire du Halo
Formule 1 : préhistoire du Halo
Le Monde.fr avec AFP
Comment en est-on arrivé à mettre une barre verticale entre les deux yeux des pilotes de F1 ? Retour sur les alternatives étudiées avant que le Halo ne soit adopté.
Prototype de Halo Mercedes (2016). / MERCEDES-BENZ
Le risque est inhérent au sport automobile, surtout à bord d’une formule 1 lancée à plus de 300 km/h. La Fédération internationale de l’automobile (FIA) est néanmoins chargée de le réduire au maximum. Les progrès sont immenses depuis les années 1950, époque des pionniers qui voyait 2 à 4 concurrents mourir chaque saison. Aujourd’hui, les pilotes ne sautent plus en bras de chemise dans leur « cercueil ». Sanglés, vêtus de combinaisons ignifugées et casqués… Mais ils roulent tête au vent. Une fragilité devenue inacceptable à l’ère du risque zéro, qui aboutit à l’instauration du Halo cette saison.
L’accident d’Henry Surtees, le 20 juillet 2009, va servir de déclencheur. Le pilote de formule 2, percuté à la tête par une roue et un pneu sur le circuit de Brands Hatch, à Kent (Angleterre), meurt à l’âge de 18 ans. Une semaine avant, Felipe Massa était hospitalisé après avoir reçu des débris lors des qualifications au Grand Prix de Hongrie.
La FIA étudiait déjà comment mieux protéger le cockpit. Elle en fait sa priorité après l’accident fatal du Français Jules Bianchi, survenu lors du Grand Prix du Japon 2014. Le 24 août 2015, c’est le pilote britannique d’Indycar Justin Wilson qui meurt après avoir été frappé de face par un gros débris à Pocono, en Pennsylvanie. Tests et décisions s’enchaînent alors.
F1 HALO TEST
Durée : 01:42
Février 2016. La Commission F1 penche pour le « Halo », alors développé par Mercedes. Ferrari profite des essais hivernaux de Barcelone pour tester son prototype de pare-brise transparent. « La structure n’entrave pas la visibilité », conclut le pilote Kimi Räikkönen. La FIA espère une introduction dès 2017.
1er mars 2016. L’Institut global pour la sécurité en sport automobile, partenaire de la FIA, publie « Lignes de défense : les systèmes de protection du cockpit » sur trois projets testés en Angleterre.
Le double aileron d’évitement, appelé AFP pour Additional Frontal Protection (protection frontale additionnelle). Extrait de « Lignes de défense », 1er mars 2016. / WILL THOM / FIA
- L’AFP, pour Additional Frontal Protection (« protection frontale additionnelle ») est un double aileron d’évitement placé à l’avant de la voiture. Le design, léger, a un faible impact sur le châssis et sur la visibilité, mais insuffisant au niveau sécurité.
L’arc central à trois barres (« Roll Hoop »). Extrait de « Lignes de défense » du 1er mars 2016. / WILL THOM / FIA
- L’arc central à trois barres (« centre-line Roll Hoop ») assure une protection accrue. Mais les barres gênent la visibilité et nécessitent une version amovible en cas de désincarcération rapide.
Le Halo Mercedes F1 version 2016. Extrait de « Lignes de défense ». / WILL THOM / FIA
- Le Halo de Mercedes convainc la FIA, qui annonce le 3 mars son introduction « dès la saison 2017. »
Le 30 avril 2016 à Sotchi (Russie), Red Bull présente son pare-brise, testé par Daniel Ricciardo. / FIA / F1
30 avril 2016. Après Ferrari en février, Red Bull présente à Sotchi (Russie) son Aéroscreen, un pare-brise assez haut mais ouvert sur le dessus, testé par Daniel Ricciardo – des essais ultérieurs soulèveront des inquiétudes quant à son efficacité.
20 juillet 2016. L’Association des pilotes de Grand Prix (APGP) formalise sa demande du 26 janvier à la FIA, afin que soit mise en place une protection du cockpit frontal « le plus rapidement possible ». Laurent Mekiès, responsable de la sécurité à la FIA, est chargé du dossier.
28 juillet 2016. Le Groupe stratégique (Mercedes, Ferrari, McLaren, Red Bull, Williams, Force India, Jean Todt pour la FIA et Bernie Ecclestone pour la Formula One) s’oppose à l’introduction du Halo en 2017, mais reste ouvert à un dispositif dans le futur.
25 au 30 avril 2017. Le Groupe stratégique et la Commission F1 enterrent, le 25 avril à Paris, le Halo et donnent « la priorité à la famille de systèmes transparents Shield », un pare-brise transparent proche de celui présenté par Red Bull un an avant. Testé le 30 avril à Sotchi (Russie), Esteban Ocon (Force India), Valtteri Bottas (Mercedes) et Pascal Wehrlein (Sauber) le préfèrent au Halo version 2016 ; Nico Hülkenberg (Renault) et Romain Grosjean n’apprécient pas. La mise en œuvre est annoncée pour 2018.
8 juillet 2017. La FIA et son partenaire, l’Institut global de sécurité, présentent officiellement le Shield, système de protection des cockpits de F1. / FIA
13 juillet 2017. A Silverstone, Sebastian Vettel teste le Shield sur sa Ferrari. Il déclare se sentir étourdi en descendant de voiture et gêné visuellement, rapporte Associated Press.
19 juillet 2017. La FIA publie : « A la suite de l’accord unanime du Groupe stratégique, en juillet 2016 (…) et le soutien répété des pilotes, la FIA confirme l’introduction du Halo pour 2018. » Il sera développé par Ferrari. Plusieurs pilotes, en réalité, sont hostiles à ce changement, comme Romain Grosjean (Haas). Lors du Grand Prix de Hongrie, le 27 juillet 2017, Laurent Mekiès présente le Halo nouvelle version aux pilotes et aux écuries.
21 septembre 2017. Le halo est ratifié lors du Conseil Mondial de la FIA.