Une passagère arrive à l’aéroport de Nice, tandis que les syndicats de la compagnie aérienne appellent à la grève, le 3 avril 2013. / ERIC GAILLARD / REUTERS

A Air France, les syndicats maintiennent leurs positions et durcissent le ton. Insatisfaits à l’issue de leur rencontre avec la direction, mercredi 4 avril, ils ont annoncé de nouvelles grèves, les 17, 18, 23 et 24 avril.

Dénonçant un « simulacre de négociation » dans un communiqué transmis à l’AFP, l’intersyndicale, regroupant dix organisations, dit qu’elle « reste déterminée à poursuivre le combat jusqu’à obtention d’une augmentation de 6 % des grilles de salaires » pour tous. Dans son texte, l’intersyndicale regrette que la direction n’ait pas souhaité « entamer des négociations ». « En venant une fois de plus les poches vides, en ne faisant aucune proposition réaliste, la direction persiste dans la confrontation et assume de faire durer la grève », sachant que « cet entêtement a déjà fait perdre 100 millions d’euros à Air France », écrit-elle.

Les revendications salariales, point de blocage

Dans la matinée, la direction a de nouveau proposé à l’intersyndicale de négocier « la mise en place d’un mécanisme complémentaire d’ajustement salarial pour les personnels dont le salaire individuel aurait augmenté moins vite que l’inflation entre 2011 et 2017 ». Mais « l’intersyndicale a décidé de quitter la salle après quarante minutes », dit-elle dans son communiqué à l’AFP. Les syndicats sont partis parce que le DRH d’Air France, Gilles Gateau, a dit ne « pas avoir de mandat pour négocier sur la revendication de l’intersyndicale », a expliqué de son côté Karim Taïbi, de FO.

La direction a décidé d’appliquer en 2018 une augmentation générale, la première depuis 2011, de 0,6 % au 1er avril et de 0,4 % au 1er octobre. Avec les augmentations individuelles et l’intéressement, l’entreprise dit redistribuer « 200 millions d’euros » à ses salariés.

Dans sa déclaration à l’AFP, la direction a rappelé que « depuis 2011, l’ensemble de l’entreprise s’est mobilisé pour réduire les coûts et ainsi retrouver des marges de manœuvres, réduire les pertes et éviter l’attrition ». Satisfaire la revendication de l’intersyndicale « reviendrait à annuler ces efforts et à revenir en arrière en matière de coûts et de rentabilité », selon elle. D’après ses calculs, le renchérissement des coûts s’élèverait à environ 240 millions d’euros par an.

L’intersyndicale, qui fonde ses revendications sur les efforts passés et les bons résultats d’Air France, s’est interrogée dans son communiqué : « Quelle cohérence économique y a-t-il à préférer dilapider des centaines de millions d’euros en conflit social plutôt que de reconnaître qu’après six années de blocage, la demande des salariés est légitime ? ».

Des jours de grève qui coïncident avec ceux à la SNCF

Les organisations de pilotes, d’hôtesses et stewards et du personnel au sol ont déjà fait quatre jours de grève (22 février, 23 et 30 mars, 3 avril) et en ont programmé trois autres (7, 10 et 11 avril). La compagnie aérienne avait estimé à environ « 26 millions d’euros » le coût de la première journée de grève, en février, lors de laquelle un quart des vols avait dû être annulé, selon ses estimations.

Trois des quatre nouvelles dates annoncées, les 18, 23 et 24 avril, coïncident avec des dates de grève programmées à la SNCF. Des salariés d’Air France avaient participé à la marche organisée le 3 avril par des syndicats de cheminots, en guise de soutien.