Des gendarmes courent, bouclier à la main, vers les manifestants de Notre-Dame-des-Landes, le 10 avril. / STEPHANE MAHE / REUTERS

L’essentiel

  • Lors de l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) au mois de janvier, le premier ministre, Edouard Philippe, avait sommé les occupants « illégaux » de la ZAD de partir avant le 1er avril, date de fin de la trêve hivernale.
  • Les gendarmes réquisitionnés pour l’expulsion de la zone ont commencé l’expulsion lundi 9 avril à l’aube et l’ont poursuivie mardi.
  • Des heurts ont éclaté entre les militaires et les zadistes qui refusent de quitter les lieux. Selon un bilan établi mardi en fin de journée par la préfecture, dix gendarmes ont été blessés, et un manifestant pris en charge par les pompiers. Le service médical des zadistes évoque, lui, une trentaine d’opposants blessés, dont deux hospitalisés.

Le chiffre

2 500

Le ministère de l’intérieur a envoyé 2 500 gendarmes pour évacuer la zone, soit 25 escadrons. A ce nombre, s’ajoutent d’autres dispositifs : quatre véhicules blindés appelés VBRG ont été engagés pour faciliter leur progression et franchir les obstacles dressés par les zadistes. Un hélicoptère et des drones ont également appuyé les militaires. Face à eux, se tiennent environ 300 zadistes, d’après le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey. Ils utilisent des tracteurs pour construire des barricades ou entourer des lieux emblématiques de la ZAD.

L’image

Des zadistes entourent la ferme des « 100 noms », l’un des lieux phares de la ZAD de Notre-Dames-des-Landes, le 9 avril 2018. / LOIC VENANCE / AFP

La bergerie des « 100 noms » a été détruite lors de l’intervention des gendarmes. Cette ferme représentait, selon les zadistes, un projet d’agriculture entrant dans les critères avancés par la préfecture, empêchant alors sa possible destruction. Selon la ZAD, la destruction de ce projet « a achevé de dévoiler l’hypocrisie absolue de la préfecture, y compris sur sa prétention affichée à conserver les projets agricoles ».

Mais selon la préfète Nicole Klein, « les 100 noms n’ont pas déposé de projet agricole, et il s’agissait d’habitations précaires ».

Lors d’une réunion avec les zadistes au mois de mars, Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, avait dit qu’il y aurait sur la surface de 1 650 hectares (dont 1 200 de terres agricoles) des « projets agricoles innovants, d’agroécologie, de bio… » Il avait aussi déclaré que « les solutions seront individuelles, nous tournons le dos à toute gestion collective de ces terres, ce n’est pas le modèle du Larzac que l’Etat retiendra ».

La citation

« Il n’y aura pas d’évacuation totale » de la ZAD a affirmé Nicole Klein.

La préfète a indiqué lors d’un point presse en fin d’après-midi mardi que l’objectif n’était pas d’évacuer toute la ZAD. « On ne touche pas au bâti », a assuré la représentante de l’État alors que des associations d’opposants historiques s’inquiètent d’une opération plus massive qu’annoncé. Nicole Klein a ajouté que l’objectif était de démanteler 30 à 40 sites, des « squats, qui étaient des planches ». Seize ont déjà été évacués et quinze d’entre eux ont été détruits. « Pour moi, la négociation ne peut que continuer. Ce n’est pas une tabula rasa’ », a-t-elle encore assuré.

Et après ?

A la vue du nombre de squats à évacuer, l’opération devrait se prolonger. Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a prévenu que l’intervention pourrait « durer jusqu’à la fin de la semaine ». Ce qu’a confirmé le général Richard Lizurey : « Il est certain que c’est un sujet qui ne va pas être réglé en un ou deux jours. On travaille dans la durée », a-t-il ajouté.

Notre-Dame-des-Landes : le démantèlement de la ZAD en images