La grève de six semaines a pris fin dans les locaux parisiens du studio Eugen Systems. / Corentin Lamy / Le Monde

C’est une grève qui, selon les propres mots des employés mobilisés, devait être essentiellement symbolique et ne pas durer « plus de quelques jours ». Elle en aura finalement duré près de cinquante – fait exceptionnel dans l’industrie française du jeu vidéo.

Ceux des employés du studio de développement de jeux vidéo Eugen Systems qui étaient encore en grève depuis le mercredi 14 février ont annoncé avoir repris le travail mardi 3 avril.

D’après un communiqué, publié mardi 10 avril sur le site du jeune syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV), les ex-grévistes parlent de « négociation au point mort » avec la direction du studio, et annoncent la reprise du travail.

« Nous pensons que nous n’obtiendrons pas d’avancées supplémentaires avec cette grève, malgré nos réclamations, qui relèvent du respect du code du travail et de notre convention collective. »

Ils redisent, en revanche, la volonté, déjà exprimée dans un communiqué du 28 mars, d’une « quinzaine d’anciens et actuels employés » de poursuivre la direction aux prud’hommes. Contactée à ce sujet, la direction n’a pas immédiatement réagi.

« Manque d’écoute »

Entamée le 14 février, la grève a concerné jusqu’à une vingtaine d’employés, soit la moitié des effectifs de ce studio parisien spécialiste des jeux de stratégie militaire. C’était la première fois que des développeurs de jeux vidéo se mettaient en grève depuis 2011.

Selon les grévistes, le mouvement aurait notamment été motivé par un manque d’écoute de la direction, et son apparent refus de régulariser la situation de plusieurs employés dont les contrats et les salaires ne correspondraient pas à leur ancienneté ou à leurs qualifications réelles.

Dès le lendemain, la direction d’Eugen Systems avait réagi, en assurant « [respecter] parfaitement les minima de salaires pour l’ensemble des employés, et [réaliser] en tout état de cause des régularisations lorsque cela était nécessaire ».

Le syndicat derrière la grève

C’est notamment le mécontentement de ces employés d’Eugen Systems qui avait motivé la création, en septembre 2017, du STJV, le troisième syndicat, après le SELL et le SNJV, à défendre les intérêts de l’industrie – mais le seul à prétendre le faire du point de vue des salariés.

Le STJV ne fait toutefois pas l’unanimité. Certains, notamment chez les dirigeants, remettent en cause sa représentativité : selon les sources, il compterait entre 30 et 70 adhérents. Il a toutefois contribué à la publication de plusieurs enquêtes sur les conditions de travail dans l’industrie ces derniers mois, et « apporte son savoir-faire et son expérience » à ses homologues internationaux, à l’image du Game Workers Unite américain fondé en mars.