San Francisco se rebelle contre les trottinettes électriques en libre-service
San Francisco se rebelle contre les trottinettes électriques en libre-service
LE MONDE ECONOMIE
Face à la recrudescence de comportements gênants, voire dangereux, de la part des utilisateurs de ces engins mis en libre-service, les élus de la ville s’apprêtent à réglementer leur usage.
Noires, orange et vert fluo. En moins d’un mois, les trottinettes électriques ont envahi les rues et les trottoirs de San Francisco (Californie), notamment dans le Financial District et dans le quartier de SoMa, où sont implantées de nombreuses sociétés technologiques. Depuis mi-mars, Bird, Spin et LimeBike, trois start-up américaines, ont déployé plusieurs centaines d’exemplaires en libre-service, suscitant la colère d’une partie de la population et des élus locaux. Les trottinettes, qui peuvent atteindre une vitesse de 25 kilomètres par heure, se louent par l’intermédiaire d’une application mobile. La location coûte 1 dollar (0,81 euro), puis 15 cents (0,12 euro) par minute. Cette grille tarifaire doit encourager les courtes distances : à partir de sept minutes, il est en effet meilleur marché d’opter pour un vélo électrique en libre-service. Une fois le trajet terminé, il suffit simplement de laisser la trottinette sur n’importe quel trottoir.
Un danger pour les piétons
C’est justement cela qui pose problème. Sur les réseaux sociaux, les messages se multiplient pour dénoncer des trottinettes mal garées devant les sorties d’immeuble ou de garage, au milieu du trottoir ou sur des places de parking… Plusieurs engins ont même été retrouvés dans un lac. Autre problème : de nombreux utilisateurs circulent sur les trottoirs, zigzaguant entre les piétons, ce qui est interdit. Pour lancer leur service à San Francisco, les trois start-up se sont par ailleurs engouffrées dans une brèche du code des transports. « C’est une vieille tactique de certaines entreprises high-tech arrogantes, déplore le conseiller municipal Aaron Peskin. Elles préfèrent demander pardon plutôt que de demander l’autorisation. » Cette stratégie avait notamment été employée à leurs débuts par Uber et par son grand rival Lyft. Avec succès.
Cette fois-ci, les autorités semblent déterminées à agir rapidement. « Nous ne tolérerons pas des modèles économiques qui entravent le droit de passage piéton ou qui présentent un risque pour la sécurité », a prévenu début avril la SFMTA, l’organisme chargé des transports, dans un courrier adressé à Bird, Spin et LimeBike. Mardi 17 avril, le conseil municipal doit par ailleurs adopter un cadre réglementaire, imposant notamment aux plates-formes d’obtenir une autorisation. Après des années d’une politique bienveillante envers les groupes high-tech, les élus de San Francisco, capitale autoproclamée de l’innovation, durcissent désormais le ton. A l’image aussi de l’interdiction, en décembre 2017, des robots livreurs de repas.