Les Conseil de l’Atlantique Nord (les ambassadeurs auprès de l’OTAN) s’est réuni à Bruxelles, samedi 14 avril, pour ce qui était présenté comme une séance « d’information » sur les opérations menées la nuit dernière, en Syrie, par les armées américaine, française et britannique.

À l’issue de cette rencontre d’une heure trente environ, le secrétaire général, Jens Stoltenberg a évoqué le « plein soutien » de tous les alliés aux trois pays qui ont ciblé l’arsenal chimique syrien. En menant des actions « ciblées, circonscrites, proportionnées » ils ont envoyé « un message de dissuasion très clair », selon le secrétaire général.

« Je ne dis pas que cela a réglé tous les problèmes, mais ne rien faire aurait été pire », poursuivait le responsable norvégien. C’est la Russie qui, en bloquant toutes les autres options au Conseil de sécurité de l’ONU, a en quelque sorte rendu une intervention militaire obligatoire, estime l’Alliance atlantique.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni auraient fourni à leurs alliés les preuves de l’implication directe du régime de Bachar Al-Assad dans les attaques chimiques dans la Ghouta. « Nous n’avons aucune raison d’en douter » a indiqué M. Stoltenberg, interrogé sur la nature de ces preuves. Il n'a pas été plus disert sur le bilan des frappes, affirmant seulement que les cibles visées avaient été atteintes et que l’arsenal chimique syrien serait « largement affaibli ». C’est aux trois capitales concernées de fournir des détails, insistait-il.

Afficher la cohésion de l’OTAN

La réunion de samedi après-midi, à laquelle ne participaient que des ambassadeurs - et donc aucun responsable militaire - avait, en réalité, un triple triple but. D’abord, afficher la cohésion de l’Alliance, même si les partenaires des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni n’ont peut-être pas obtenu toutes les explications qu’ils attendaient sur les événements des dernières heures.

Ensuite, insister sur le fait que l’OTAN n’était pas, en tant que telle, impliquée dans les opérations en Syrie. « Cela aurait, en effet, signifié toute autre chose, à savoir l’ébauche d’un conflit entre l’Alliance et la Russie », souligne un diplomate européen. « C’est ce qu’il fallait absolument éviter », insiste un autre.

Enfin, il convenait de marquer un soutien « politique » à Washington, Paris et Londres même si le ton des réactions enregistrées dans certaines délégations était prudent, certaines indiquant simplement qu’elles « comprenaient » les opérations décidées par les dirigeants des trois pays.

Une dernière question taraudait les Alliés : quelle allait être la réaction de la Turquie, dont le président a multiplié les critiques contre les dirigeants occidentaux au cours des dernières semaines, et même contre l’Otan, taxée de passivité à l’égard ce que le président Recep Tayyip Erdogan appelle le « terrorisme » kurde à ses frontières? « Nous avons été totalement rassurés », explique un diplomate. Ankara avait, en effet, affiché, dès le matin, son soutien à l’action militaire.

Officiellement, aucune discussion n’aurait eu lieu, au sein de l’Alliance, avant les opérations de la nuit dernière. Il est toutefois évident que les trois pays ont pu compter sur le soutien tactique de l’Alliance et user, notamment, des informations dont elle disposait sur les installations syriennes. M. Stoltenberg a indiqué samedi qu’il avait eu, peu de temps avant le déclenchement des frappes, un entretien avec James Mattis, le secrétaire américain à la défense.