Miami accueillait son unique ePrix de 14 mars 2015. / FORMULA E

Miami à dit oui. A l’unanimité de ses cinq membres, le Conseil municipal a voté, jeudi 10 mai, pour la résolution « Formule 1-circuit de course », soutenue par le maire, Francis Suarez, qui prévoit d’accueillir une étape du championnat du monde de F1, si possible dès 2019. Mais si les deux parties prenantes, la cité de Floride et le Groupe Formula One, détenu par Liberty Media, se sont félicités de ce scrutin, celui-ci n’est qu’une étape dans le long processus de création d’un Grand Prix d’Amérique bis.

La perspective d’une course de F1 réjouit M. Suarez. Miami deviendrait alors « la seule ville au monde à avoir la F1 en plus des équipes des cinq sports majeurs » : le football américain (NFL), le basket (NBA), le baseball (MLB), l’IndyCar, championnat américain de monoplaces, et le hockey sur glace. « D’un point de vue économique, c’est une chance incroyable pour notre ville et pour toute la région de la Floride du Sud, c’est comme si on accueillait le Super Bowl chaque année », ajoute Jose Diaz, représentant du comté de Miami-Wade.

De son côté, le patron de la F1 mondiale, l’Américain Chase Carey, franchit par ce vote une étape décisive vers son objectif de développement de la F1 aux Etats-Unis, patrie des très populaires Nascar, stock-car en voitures de série, et IndyCar. Dès son arrivée, l’homme de médias a défendu l’idée d’un deuxième Grand Prix aux Etats-Unis, si possible sur un tracé urbain, tellement plus attrayant. Parmi les villes envisagées dès juillet 2017, La Vegas, New York et Miami, ces deux dernières ayant déjà accueilli au moins un ePrix, compétition de monoplaces électriques.

Projet de tracé urbain d'un Grand Prix de F1 présenté par la municipalité de Miami le 2 mai 2018. / F1.COM

Le processus enclenché, la municipalité de Floride doit maintenant trouver un accord commercial avec les organisateurs de la F1, lequel sera à nouveau soumis au vote du conseil municipal. On parle d’un contrat sur dix ans. Financièrement, le projet d’un Grand Prix à Miami est soutenu par Stephen Ross, propriétaire de l’équipe de football américain des Miami Dolphins. Et pour cause : c’est une de ses sociétés qui doit prendre en charge le futur Grand Prix de Miami. Les détails financiers de l’organisation n’ont pas été divulgués, mais, à titre de comparaison, le Grand Prix d’Austin perçoit environ 25 millions de dollars en taxes de l’Etat et du gouvernement fédéral pour financer la course.

Juin ou octobre ?

La double étape financière franchie se pose la question du calendrier. Miami doit-il s’ajouter aux vingt et un Grand Prix, comme le souhaite Chase Carey, ou se substituer à l’un d’eux ? Dans le second cas, Miami pourrait prendre la place de l’étape brésilienne, très critiquée pour son manque de sécurité, et qui a l’avantage de se dérouler sur le même continent. Autre éventualité, le Grand Prix d’Azerbaïdjan serait sur la sellette, malgré le fait qu’il soit un des rendez-vous les plus spectaculaires de la saison, avec son tracé en partie dans le vieux Bakou, qui autorise des pointes à 360 km/h. Cette ancienne république soviétique accusée de non-respect des droits humains ne cocherait pas toutes les cases de vitrine idéale de la F1.

A prendre en compte également le fait que pour limiter les coûts et les désagréments physiques de décalages horaires en série, Chase Carey souhaite regrouper les épreuves par zones géographiques, ce qu’il a à peu près réussi, à l’exception du Grand Prix du Canada le 10 juin, qui coupe en deux l’étape européenne du championnat.

Le 2 mai, le communiqué de Ross Brawn évoquait un possible Grand Prix de Miami en octobre, le même mois que celui d’Austin ; le 10 mai, juin était à son tour évoqué. Quoi qu’il en soit, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) devra valider la nouvelle inscription.

Sécurité et nuisances

Au-delà de ces formalités légales, l’organisation d’un Grand Prix exige le respect de multiples normes en matière de sécurité et de nuisances. « A Paris, la moitié du budget de l’ePrix est consacré aux bords en béton et aux grilles qui bordent la piste. Or, le niveau de sécurité en FE est deux niveaux inférieurs à celui requis en F1 », rappelait l’homme d’affaires espagnol Alejandro Agag, propriétaire du championnat de FE, en mars. Avant d’évoquer le bruit et les troubles de la circulation. L’expérience de l’ePrix de Miami de 2015 n’a ainsi pas été reconduite, en partie à cause des plaintes d’écologistes. Par ailleurs, le Miami New Times rappelait le 2 mai que les riches propriétaires des quartiers résidentiels de Miami se sont beaucoup investis ces dix dernières années pour obtenir la fermeture de boîtes de nuit jugées trop bruyantes… Des arguments qui faisaient dire à Alejandro Agag que la F1 avait peu de chances d’entrer dans les villes.

Excitante

Sûr de lui, le conseiller municipal de Miami Ken Russell a partagé sur Twitter une vue du tracé possible autour du port de Key Biscayne, très similaire à celui de l’ePrix de 2015, mais aussi du Grand Prix Cart (voitures de tourisme) de 1995. Dans les mémoires, le terme de « Grand Prix de Miami » reste toutefois plutôt associé au circuit ovale à Homestead, site étape des championnats de Cart et Indycar de 1996 et 2010, et alternative au circuit urbain.

Interrogés sur un probable Grand Prix de Miami, alors que le Grand Prix de Barcelone se court le 13 mai, les pilotes semblent attirés par le côté vibrant de la cité balnéaire de la côte est, même si le Canadien Lance Stroll estime que vingt-deux courses, c’est peut-être un peu beaucoup. A Londres, le 5 mai, le champion en titre Lewis Hamilton a quant à lui plaisanté : « Je ne vais pas gagner cette course, parce que Miami est vraiment excitante (…). C’est un endroit idéal pour faire la fête. (…) Il y a beaucoup de belles femmes et beaucoup de distractions. » C’est justement cela qui plaît à Liberty Media.