Photo d’archives montrant un officier russe présentant des munitions chimiques, en 1987. / John Thor Dahlburg / AP

Le Bundesnachrichtendienst (BND), le service fédéral de renseignement allemand, s’est procuré dans les années 1990 un échantillon de l’agent neurotoxique Novitchok, récemment utilisé pour empoisonner un ex-espion russe et sa fille en Grande-Bretagne.

Un transfuge russe, dont l’identité n’a pas été révélée, a proposé au renseignement allemand de lui fournir un échantillon en échange d’une protection pour lui et sa famille, relatent les journaux Süddeutsche Zeitung, Die Zeit ainsi que les chaînes WDR et NDR, qui citent des sources ayant « participé à la décision » de se procurer le poison.

Information partagée

Une fois obtenu, l’échantillon a été analysé dans un laboratoire suédois, l’Allemagne ne voulant pas être accusée de travailler sur des armes chimiques. Le BND et le ministère de la défense ont ensuite récupéré la formule chimique du Novitchok. Berlin a également informé les services de renseignement américain et britannique de l’existence de cet échantillon, selon les médias précités.

De petites quantités de l’agent neurotoxique ont ensuite été produites dans certains pays de l’OTAN à des fins de test, notamment pour déterminer si les équipements de protection étaient capables d’y résister et pour lui trouver des antidotes.

L’existence du Novitchok n’a pas été rendue publique afin de ne pas nuire à la relation avec le président russe de l’époque, Boris Eltsine, dit encore l’enquête des journalistes allemands. Le gouvernement allemand et le BND se sont refusés à tout commentaire.

Le Novitchok a servi à empoisonner en mars l’ancien agent double Sergueï Skripal et sa fille. Tous deux y ont survécu, mais l’affaire a déclenché une tempête diplomatique, Londres accusant Moscou de l’empoisonnement, ce que la Russie dément formellement, affirmant même n’avoir jamais eu de programme Novitchok.