La formule de la Nuit européenne des musées est désormais bien connue : musées, centres d’art et monuments sont invités à ouvrir leurs portes au public gratuitement en soirée, et à proposer des visites ou animations inédites. Avec quelque 1 200 institutions participantes en France, et 3 000 au total à l’échelle européenne, le choix est vaste, samedi 19 mai, pour la 14e édition de l’événement (consulter ici la carte recensant l’ensemble des propositions). Voici une sélection d’explorations muséales nocturnes de toutes natures :

  • Le Jeu de Paume et la Conciergerie se jettent à l’eau

LA CONCIERGERIE

Dans la catégorie des toutes premières participations à la Nuit des musées à Paris, le Jeu de Paume se couchera tôt (21 heures), mais il sera en accès libre dès son ouverture, à 11 heures. Alors que l’événement coïncide avec le week-end de clôture de ses expositions consacrées aux photographes Raoul Hausmann et Susan Meiselas, des visites en compagnie des commissaires seront organisées en soirée (respectivement à 19 heures et à 20 heures). Première participation également pour la Conciergerie, où se déploie actuellement une installation monumentale de l’artiste Stéphane Thidet, qui détourne une partie de la Seine à travers le bâtiment. Des visites contées en écho à ce tour de force et à l’inondation de la crue de 1910 accompagneront les visiteurs.

Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, Paris 8e. La Conciergerie, 2, boulevard du Palais, sur l’île de la Cité, Paris 1er. Deux visites contées « La Seine, scène d’histoires » à 18 heures et à 20 heures. Entrée libre de 18 heures à minuit.

  • La tapisserie de l’Apocalypse revisitée par Frànçois & The Atlas Mountain

FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAIN

Pour sa deuxième participation à la nuit européenne des Musées, le Château d’Angers fait fort en proposant une création musicale sur mesure de Frànçois & The Atlas Mountain, en association avec la scène nationale du Chabada. Pour cette carte blanche, le groupe pop offrira une relecture inédite de la tapisserie de l’Apocalypse, chef-d’œuvre de l’art médiéval (1375) et le plus important ensemble de tapisseries médiévales subsistant au monde, exposé dans le monument. Suite de la programmation côté jardins, illuminés, avec le groupe Vacarme, la folk d’Anni Rossi, des ballades de Jaune et les mix de DJ Coconut.

Château d’Angers, 2, promenade du Bout-du-Monde, Angers. De 19 heures à minuit, gratuit.

  • Un « escape game » à la Villa Arson

VILLA ARSON

Alors qu’enquêtes, jeux de piste et énigmes, voire murder parties sont devenus de grands classiques de la Nuit des musées, la Villa Arson, école et centre national d’art contemporain de Nice, que l’on n’attendait pas sur ce terrain, propose cette année un escape game. Intitulé « Babylone 2068 », son scénario est rétrofuturiste : « Il y a cinquante ans, le 19 mai 2018, les habitants se sont subitement enfuis de la colline. Seuls les dieux y sont restés. Quel phénomène a pu provoquer un tel exil ? Aujourd’hui, en cette nuit du 19 mai 2068, l’unique moyen de vous échapper sera de répondre à “la” question. Y parviendrez-vous ? » Avec la participation d’étudiants de l’école d’art.

Villa Arson, 20, avenue Stephen-Liégeard, Nice. « Escape game » accessible à partir de 15 ans, de 21 heures à minuit (départs toutes les quinze minutes par groupes de six participants). Accès gratuit sur réservation.

  • Acoustique, skate et Chet Baker en italien

FRAC FRANCHE-COMTÉ

Le FRAC Franche-Comté clôt ses expositions du moment, « Partitions régulières », de Raphaël Zarka, « Every Day is Exactly the Same », de Hugo Schüwer-Boss, et « Remake », d’Etienne Bossut, avec la complicité des artistes. Samedi soir, le collectif Zone(s) de combat accueillera les visiteurs par une exploration acoustique (percussions, clarinettes, trombone) du bâtiment tout de verre et de bois de Kengo Kuma. Et à l’invitation de Hugo Schüwer-Boss, dont de nombreux tableaux — pas si abstraits qu’ils en ont l’air — portent les titres de chansons, le musicien Fabio Viscogliosi (également peintre et écrivain) viendra interpréter ses morceaux, mais aussi Chet Baker, en italien.

Quant à Raphaël Zarka, qui réunit ses deux passions, les polyèdres et le skate, à travers la sculpture, il sortira le lendemain des salles d’exposition l’une de ses pièces modulaires inspirées du travail du mathématicien allemand Arthur Schoenflies. Conçue à échelle humaine, cette large structure géométrique en bois sera installée en extérieur pour être mise à la portée des skateurs.

FRAC Franche-Comté, Cité des arts, 2, passage des Arts, à Besançon. Samedi de 20 heures à 23 heures. Le dimanche, skatepark de 14 heures à 19 heures, et visite des expositions en compagnie des artistes : Hugo Schüwer-Boss à 15 h 30, Raphaël Zarka à 16 heures.

  • Festivités tsiganes

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Dans le cadre de l’exposition photographique « Mondes tsiganes, la fabrique des images », le Musée de l’histoire de l’immigration propose un spectacle du dernier cirque tsigane d’Europe : celui de la famille Romanès. Acrobates, danseuses et musiciens évolueront sur le répertoire du groupe O’Djila, qui s’appuie sur divers folklores des pays que le peuple rom a traversés, entre des chants des Balkans, guitares manouche et tsigane, percussions orientales et contrebasse.

Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, Paris 12e. De 19 heures à 22 h 30. L’Aquarium tropical sera également ouvert et en accès libre de 18 heures à 21 heures. Le Palazzo, la terrasse éphémère du Palais restera ouverte jusqu’à minuit.

  • L’art jusqu’au bout des cils, à Bordeaux

Les consignes ont été respectées à la lettre à Bordeaux. Alors que cette 14e édition de la Nuit des musées s’inscrit dans la programmation de l’année européenne du patrimoine culturel, chaque musée bordelais représentera samedi un pays de l’Union européenne. Le Musée des Beaux-Arts sera aux couleurs espagnoles, avec notamment de la danse (un ballet flamenco), du chant, et un parcours hispanisant à travers sa collection, de Murillo à Picasso. Consignes parfaitement respectées également du côté du dispositif de médiation culturelle « La classe, l’œuvre ! », qui depuis six ans vise à rapprocher les musées des élèves : se succéderont donc des présentations de collégiens et de lycéens. La plus (in) attendue est une déambulation proposée par une classe de BTS cosmétologie, qui dévoilera des maquillages créés en regard de la collection.

Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, 20, cours d’Albret, de 18 heures à minuit.

  • Selfie gaulois et concert archéo

Parmi les propositions des musées d’archéologie, celle du musée Saint-Loup de Troyes est insolite : les visiteurs pourront s’immortaliser en tenues de Sénons, pour des « selfies gaulois ». Le musée de Saint-Germain-en-Laye organise, de son côté, un concert « Musico archéo », soit un voyage musical inédit au cœur des collections, entre lyre d’Orphée et flûtes préhistoriques.

Musée Saint-Loup, abbaye Saint-Loup, 1, rue Chrestien-de-Troyes, à Troyes, de 20 heures à minuit. Musée d’archéologie nationale et domaine national, place Charles-de-Gaulle, à Saint-Germain-en-Laye, de 19 heures à 23 h 30.

  • Merce Cunningham au Musée d’art moderne de Paris

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Les interprètes du Centre national de danse contemporaine (CNDC) d’Angers investiront les espaces du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris pour y présenter un Event selon le chorégraphe américain, expert en abstraction, Merce Cunningham (1919-2009). Dans la trajectoire débordante de vitalité de Cunningham, qui s’y connaissait pour relancer les dés de la création, un « event » est une suite d’extraits de son répertoire librement articulés. Sous la direction artistique de Robert Swinston, ancien danseur de la compagnie Cunningham aujourd’hui à la tête du CNDC d’Angers, cette soirée spéciale va piocher ses éléments dans différentes pièces emblématiques, dont Un jour ou deux (1973) et Scramble (1967). (Rosita Boisseau)

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris 16e. De 18 heures à 23 h 45 : entrée gratuite à l’exposition « Jean Fautrier, matière et lumière », qui se termine le dimanche 20 mai (visites guidées toutes les heures de 19 heures à 22 heures, inscriptions à l’accueil). « Event », de Merce Cunningham, à partir de 19 heures.

  • Mai 68 sous toutes ses facettes

A Paris, les cinquante ans de Mai 68 se poursuivent la nuit tous azimuts. Le palais des Beaux-Arts propose une visite de l’exposition « Images en lutte – la culture visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974) », en compagnie des commissaires de l’exposition. La Cinémathèque française projette des ciné-tracts, des films de cinéastes ouvriers et autres raretés de ses collections en marge de son exposition consacrée à Chris Marker. Les Archives nationales invitent à venir redécouvrir les événements du côté des bureaux de l’administration et du pouvoir, à travers plus de quatre cents documents d’archives, dont certains seront lus par des étudiants du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Enfin, le Musée de la préfecture de police convie le public à venir assister à une conférence de Charles Diaz, ancien inspecteur de la police judiciaire, aujourd’hui contrôleur général, et auteur de Mémoires de police. Dans la tourmente de Mai 68.

Palais des Beaux-Arts, 13, quai Malaquais, Paris 6e, de 19 heures à 1 heure. Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, Paris 12e, de 19 heures à 23 heures, séances à 21 h 30, 22 heures et 22 h 30. Archives nationales, Hôtel de Soubise, 60, rue des Francs-Bourgeois, Paris 3e, de 18 heures à minuit. Musée de la préfecture de police, 4, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, Paris 5e, conférence de 18 h 45 à 20 heures.

  • Quelles postures face aux œuvres ?

L’Institut d’art contemporain de Villeurbanne propose une visite-expérience originale au sein de l’exposition « The Middle Earth », projet des artistes Maria Thereza Alves et Jimmie Durham consacré à la Méditerranée. La danseuse et chorégraphe Marie-Zénobie Harlay, enseignante à l’Ecole nationale de danse de Villeurbanne et praticienne d’une méthode de réalignement postural, s’attachera à montrer, de façon ludique, ce que la posture des visiteurs face aux œuvres traduit de leurs émotions et réflexions.

Institut d’art contemporain de Villeurbanne, 11, rue Docteur-Dolard. Entrée gratuite de 19 heures à 22 heures. Visite « Posture(s) à l’œuvre » de 19 h 30 à 21 heures, 20 places, tarif : 8 euros, réservation ici.