Tout savoir sur le Brésil à la Coupe du monde 2018 de football
Tout savoir sur le Brésil à la Coupe du monde 2018 de football
Par Luc Vinogradoff
Quatre ans après sa déconvenue en demi-finale de son Mondial, la sélection brésilienne semble avoir guéri de nombreux maux. Tout comme Neymar, qui revient de blessure juste au bon moment.
Neymar. Jr / Maxime Beaugrand — Le Monde
- Calendrier
17 juin : Brésil - Suisse (20 heures, à Rostov)
22 juin : Brésil - Costa Rica (14 heures, à Saint-Pétersbourg)
27 juin : Serbie - Brésil (20 heures, à Moscou)
Heure française
- Historique en Coupe du monde
Vingt et unième participation, seule équipe à avoir joué toutes les phases finales, cinq victoires (1958, 1962, 1970, 1994, 2002).
- Leur petit nom
A Seleção, tout simplement « la sélection », à ne pas confondre avec la Selecção das Quinas pour le Portugal.
- L’équipe qui devrait jouer
Alisson - Danilo (ou Fagner), João Miranda, Marquinhos, Marcelo - Paulinho, Casemiro, Renato Augusto - Philippe Coutinho, Gabriel Jesus, Neymar Jr.
- Sélectionneur
Tite, 57 ans, a remplacé Dunga le 21 juin 2016. L’ancien entraîneur des Corinthians (vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe du monde des clubs en 2012) a brillamment qualifié la Seleçao pour le mondial russe. Il est très apprécié de Neymar, qui aurait glissé son nom aux dirigeants pour remplacer Unai Emery. En vain.
Bilan de compétences
Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? « Sans vouloir être arrogant, on peut dire que le football, c’est moi. Mon nom y est associé aux quatre coins du monde et, à la maison, c’est davantage une religion qu’un sport. Une Coupe du monde sans moi serait comme une fête sans alcool, non seulement elle ne sera pas plus folle, ce serait un goûter pour enfants. »
De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? « J’ai tout connu à ce niveau, les sommets plus hauts – je suis le seul à avoir gagné cinq fois – comme les points plus bas. Comme vous savez, je sors d’un accident industriel inimaginable (si vous voulez les détails, ils sont en annexe de mon CV, j’ai toujours du mal à en parler). J’avais touché le fond. Mais c’était il y a quatre ans, et je me sens indestructible aujourd’hui car il ne pourra rien m’arriver de pire. »
Si vous deviez nous donner trois qualités ? « Je ne m’attarde pas sur mon trio offensif à 400 millions d’euros Neymar-Gabriel Jesus-Coutinho, dont vous connaissez la qualité. Mon N + 1 va revenir de blessure et monter en puissance au bon moment. Mon milieu est solide et créatif, avec des magiciens “box to box” made in Brazil et mes latéraux, une spécialité locale, restent décisifs. »
Et trois défauts ? « Achille avait son talon, et moi j’ai ma défense centrale, à jamais ma faiblesse fatale. Si le moral est au plus haut, la catastrophe d’il y a quatre ans peut ressurgir à tout moment si un match se complique. C’est si facile de revivre un cauchemar, surtout quand Thiago Silva, le capitaine frousse de l’époque, est sur le banc pour nous le rappeler. »
VANDERLEI ALMEIDA / AFP
Neymar Jr. en cinq dates
1993 : La Seleçao passe par une période sombre. Le jeu, défensif et laborieux, montré au Mondial italien est férocement critiqué. Tout le monde a encore en tête les esthètes des années 1980. Dans ce marasme naît le futur sauveur, Neymar da Silva Santos Júnior.
2003 : Luis Inacio Lula da Silva, dit « Lula », le premier président de gauche depuis la fin de la dictature. A Sao Paulo, Neymar, 10 ans, commence sa carrière dans les équipes juvéniles de Santos et achète la première maison à sa famille.
2010 : Début de la gloire footballistique et capillaire (période coupe d’iroquois). Avec Ganso et Robinho, ils forment les « Gamins du coin » à Santos. Les premières vidéos YouTube de ses exploits gagnent des vues en Europe, où il est sur le point de partir. Il faudra un gros contrat, et un coup de fil de Pelé, pour qu’il reste encore un peu au pays.
4 juillet 2014 : Brésil-Colombie en quarts de finale de la Coupe du monde. Un coup de genou de Zuniga manque de le paralyser. Il sort en pleurs, rate la finale et quelques jours plus tard, tout le pays fera comme lui.
25 février 2018 : Victoire nette du PSG contre l’OM et blessure nette de Neymar, qui se casse un os du pied droit. Encore une blessure en période de Coupe du monde. Mais cette fois, elle a été calculée pour qu’il revienne, en pleine forme, pour son début.
ODD ANDERSEN / AFP
Figurez-vous Arsène…
… qu’au Brésil, « but de l’Allemagne » est devenue une expression courante pour parler d’une mauvaise nouvelle. Par exemple : le prix des transports en commun augmente ? « Ah, c’est encore un but de l’Allemagne, ça. » La fête de Joao est annulée ? « But de l’Allemagne, dommage. » Vous aurez compris, elle vient de la demi-finale perdue par le Brésil chez lui, il y a quatre ans, contre l’Allemagne 7 à 1. Ou, comme on l’appelle au pays, « le massacre de Belo Horizonte ».
GABRIEL BOUYS / AFP
Le jour où…
Garrincha inventa le « Olé » devant 100 000 Mexicains. La scène se passe en 1957. Garrincha, le légendaire ailier brésilien à la jambe droite plus courte de 6 centimètres que la gauche, a 24 ans. Son équipe de Botafogo affronte River Plate pour un tournoi dans un stade rempli de 100 000 supporteurs survoltés. L’entraîneur brésilien João Saldanha racontera dans un livre que ce fut « ce jour-là qu’apparu le cri “Olé”, devenu si commun sur les pelouses depuis. (…) Ce fut un “Olé” personnel. De Garrincha au défenseur Vairo ». Pendant tout le match, le petit dribbleur a rendu fou l’Argentin avec ses feintes et ses hésitations, et à chaque fois le public réagissait à l’unisson. « Chaque fois qu’il s’arrêtait devant Vairo, le public se taisait. Et quand il faisait mordre la poussière à Vairo, un chœur de 100 000 personnes criait “Olé” », se souvient Saldanha. L’Argentin, mis à mort comme un taureau, sortira avant la fin du match. Mais il le fera avec un grand sourire. Saldanha l’a entendu dire « Il n’y a rien à faire, c’est impossible. » Et s’adressant à son remplaçant : « Bonne chance mec. Avant d’entrer, je te conseille d’écrire une lettre à ta maman. »
Big data
« Le Roi » Pelé est le seul joueur à avoir gagné trois fois la Coupe du monde, en 1958, 1962 (même s’il se blessa au bout du deuxième match) et 1970.
Le wiki de qui ?
Ma carrière internationale confidentielle (20 sélections, 4 buts) ne doit pas cacher mon talent, autant devant le but qu’en boîte de nuit, et ma capacité à gagner les cœurs des suppporteurs, que ce soit en Russie, où je suis une légende, en Turquie, où je cours toujours, ou à Monaco, où ma pige a laissé des souvenirs agréables.
Plateau télé
En l’honneur du sauveur Neymar, un menu typique de Sao Paulo : la mégalopole n’est pas une Mecque gastronomique mais elle a le mérite de concentrer des plats de tout le Brésil et d’ailleurs : un combo pain perdu/pingado (café au lait) si on est le matin, la classique et lourde feijoada si c’est pour déjeuner, et si le soleil est en train de se coucher, des quibes (version brésilienne des kebbes libanais) et quelques pao de queijo avec un guarana bien frais.
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