OCDE : la défense du multilatéralisme à l’épreuve
OCDE : la défense du multilatéralisme à l’épreuve
LE MONDE ECONOMIE
La taxation par les Américains de l’acier et de l’aluminium européens sonnerait comme une défaite cinglante pour tous ceux prônant le cadre multilatéral comme moyen le plus efficace de régler les différends.
Donald Trump et le secrétaire américain au commerce, Wilbur Ross, le 22 mars. / Evan Vucci / AP
Une sacrée affiche. A l’occasion de sa grande réunion annuelle, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) devait accueillir, mercredi 30 mai au matin, le secrétaire américain au commerce, Wilbur Ross, fidèle promoteur de la ligne protectionniste du président Donald Trump, pour un débat sur les échanges. Un sujet brûlant, les Etats-Unis devant dire avant le 1er juin s’ils taxent ou non l’acier et l’aluminium importés d’Europe.
Quelques heures plus tard, c’est le président français Emmanuel Macron qui devait intervenir à la tribune pour lancer un appel à la « refondation du multilatéralisme », slogan officiel de la réunion. Un thème suggéré, à l’origine, par le chef de l’Etat, à l’OCDE. « Le système actuel est insatisfaisant. Mais il est bien préférable de tenter de le sauver et le reconstruire, plutôt que de vouloir le tuer à coups de boutoir », explique-t-on à l’Elysée. Parmi les propositions de M. Macron : une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « une institution précieuse, mais dont les règles ne sont plus adaptées aux problématiques d’aujourd’hui », selon un conseiller du président.
Menace très concrète
Reste à mesurer le poids de ces discours face à la menace très concrète des sanctions américaines. Leur entrée en vigueur, vingt-quatre heures plus tard, sonnerait comme une défaite cinglante pour tous ceux prônant le cadre multilatéral comme moyen le plus efficace de régler les différends. A commencer par l’OCDE : installé à Paris, dans le très cossu 16e arrondissement, ce club de pays riches né du plan Marshall, a d’abord été conçu comme une organisation transatlantique. « Cette réunion touche à la raison d’être » de l’institution, a reconnu son secrétaire général, le Mexicain Angel Gurria.
Fin 2016, le G20 lui avait confié la mission d’organiser des négociations sur la question des surcapacités mondiales dans l’acier. Mais les travaux menés au sein d’un forum consacré n’auront pas dissuadé M. Trump d’ouvrir les hostilités…
A l’issue de sa réunion, jeudi, l’OCDE espère au moins pouvoir publier un communiqué commun. L’an dernier, faute de s’entendre avec les Etats-Unis sur les sujets du commerce et du climat, elle avait dû y renoncer.