Agenda, taxis, rythme… Le lent apprentissage de l’Assemblée
Agenda, taxis, rythme… Le lent apprentissage de l’Assemblée
Par Manon Rescan
Après leur élection, les députés macronistes novices ont dû apprendre à jongler avec un emploi du temps chargé.
La vice-présidente de l’Assemblée, Carole Bureau-Bonnard, le 24 janvier 2018. / JACQUES DEMARTHON / AFP
Comme beaucoup de Français, Fiona Lazaar a longtemps été « hallucinée de voir l’hémicycle aux trois quarts vide » à la télévision. C’était avant de passer de l’autre côté du miroir. Elue députée du Val-d’Oise en juin 2017, elle a, comme ses collègues, compris les dessous de cette image catastrophique pour la réputation des députés. « On ne peut pas être partout : en commission, en séance, dans les ministères, en circonscription, en réunion de groupe », poursuit l’élue, elle aussi obligée, aujourd’hui, de jongler avec son agenda.
En devenant députés, les nouveaux élus macronistes ont vu leur emploi du temps se remplir ligne après ligne. « On vous met sur un tapis roulant au début de la semaine, dont vous sortez lessivé le samedi après-midi ou au mieux le vendredi soir », abonde Marie Guévenoux, députée de l’Essonne et très active au sein du groupe. « Avant je ne prenais jamais le taxi », raconte encore Fiona Lazaar. « Mais je me suis aperçue que c’était devenu nécessaire parfois, on peut y passer des coups de fil, répondre à des mails… Et ça ne m’empêche pas de prendre les transports en commun aux heures de pointe. »
« Obligés de faire des choix »
« Avant on m’aurait proposé un chauffeur, j’aurais dit “oh bah dis donc, c’est trop”… », concède Carole Bureau-Bonnard, qui bénéficie de ce service en tant que vice-présidente de l’Assemblée. Face aux interrogations des gens sur ce privilège, la députée LRM de l’Oise brandit son agenda. « Avoir un chauffeur me permet d’assurer une présidence de séance le matin à l’Assemblée, un rendez-vous en circonscription et de revenir le soir à Paris », poursuit-elle. Comme leurs prédécesseurs, les macronistes ont appris à s’adapter. « On est obligés de faire des choix, on ne peut pas consacrer la même passion à tous les textes », a compris Fiona Lazaar.
Dans cette course contre le temps, les députés avaient d’abord ironisé sur le laborieux processus législatif, un frein à l’action de leur majorité. Plaidant pour toujours plus d’« efficacité » et de « pragmatisme », ils ont souvent fait la leçon à leurs adversaires politiques qui présentaient dans l’hémicycle des propositions déjà rejetées en commission. Sur ce point aussi, certains ont changé d’avis, et il n’est plus rare de voir des députés LRM profiter de chacune de ces étapes pour défendre leurs propositions. Comme si les habitudes de « l’ancien monde » avaient finalement du bon…