Boxe : Tony Yoka suspendu un an ferme pour ses infractions aux règles antidopage
Boxe : Tony Yoka suspendu un an ferme pour ses infractions aux règles antidopage
Par Clément Guillou
Le champion olympique de Rio, devenu professionnel, a vu sa suspension d’un an avec sursis alourdie jeudi par l’Agence française de lutte contre le dopage.
Tony Yoka sera suspendu un an. / CHRISTOPHE SIMON / AFP
Un an ferme. L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a imposé une lourde sanction au champion olympique de boxe Tony Yoka, coupable de trois absences à des contrôles inopinés en moins d’un an, a annoncé l’avocat du boxeur, jeudi 5 juillet, à l’Agence France-Presse.
L’AFLD a logiquement réformé la décision de la commission antidopage de la Fédération française de boxe, qui n’avait infligé qu’un an de suspension avec sursis à son champion. Le sursis n’existe pas dans le code mondial antidopage hormis dans un cas rare d’aide à l’enquête.
L’AFLD « sanctionne sévèrement ce qu’elle reconnaît elle-même n’être qu’une négligence administrative », a regretté l’avocat Arnaud Péricard, précisant qu’il demanderait en urgence la suspension de la peine devant le Conseil d’Etat, qui se prononcera aussi sur le fond de l’affaire. « C’est une décision décevante au regard des circonstances particulières de l’affaire, des remords exprimés par Tony et de sa bonne foi, a poursuivi l’avocat. Elle oublie deux principes fondamentaux du droit français, la non-automaticité des sanctions et le respect du principe de proportionnalité. »
Coup d’arrêt dans la carrière de Yoka
Cette suspension constitue un grand coup d’arrêt dans la carrière professionnelle de Tony Yoka, qui avait signé avec Vivendi un contrat mirifique sur quatre ans en capitalisant sur son titre olympique des super-lourds obtenu à Rio en 2016. A la clé, selon L’Equipe : 1 million d’euros à la signature et près de 250 000 euros par combat sur quatre ans. L’objectif était de devenir le premier Français champion du monde professionnel des poids lourds.
Suspendu, Yoka, 25 ans, ne pourra plus boxer sous l’égide de la Fédération française mais pourrait boxer à l’étranger, avec une fédération professionnelle ne reconnaissant pas la législation mondiale antidopage.
« On me parle de boxer à l’étranger, mais moi, ça ne m’intéresse pas », avait balayé Tony Yoka le 29 mars sur Infosport +, lors de sa première interview suivant l’annonce de ses trois no-shows (non-présentations). « J’ai toujours dit que je voulais boxer dans mon pays, apporter la première ceinture de champion du monde poids lourds ici. »
Tony Yoka a remporté ses cinq premiers combats professionnels contre des adversaires sans référence au niveau international. Le dernier était l’Anglais David Allen, à la fin de juin, par arrêt de l’arbitre à la 10e reprise.
Le boxeur plaide la négligence
Depuis le début de l’affaire, le Français plaide la négligence. En juillet 2016, septembre 2016 et mars 2017, il n’était pas à l’endroit qu’il avait indiqué et où se sont rendus des contrôleurs antidopage.
Après sa victoire aux Jeux avec sa compagne, Estelle Mossely, elle aussi championne olympique, « on était sur notre nuage, a-t-il raconté. On a pris six mois de vacances sans entraînement, on n’a pas pensé à faire la localisation antidopage ». Le no-show de juillet 2016, juste avant les Jeux olympiques, correspondrait quant à lui à un jour où Yoka était dans un avion de retour des Etats-Unis avec l’équipe de France.
« Il y a eu de la négligence de ma part, surtout après les JO, a dit Yoka, reconnaissant une faute professionnelle. Mais il ne s’agit pas d’une affaire de dopage. Il n’y a jamais eu un quelconque médicament de pris. »
Dans l’univers français de la boxe, on souligne que son entourage a davantage été soucieux de négocier un bon contrat et de faire de Tony Yoka un objet marketing, que de surveiller sa rigueur dans la localisation, alors qu’il était sous la menace d’un troisième no-show.