Interdit dans l’élite, le club de basket de Blois s’accroche aux branches
Interdit dans l’élite, le club de basket de Blois s’accroche aux branches
Par Clément Martel
Sacré champion de France de deuxième division en mai, l’ADA Blois s’est vu refuser son accession en première division. Il se bat pour faire reconnaître ses droits.
Dans quelle division le champion de France de Pro B va-t-il entamer la saison, mi-septembre ? Acquise sur le terrain début mai, la montée de l’Abeille des Aydes Blois Basket (ADA Blois) en première division est pour le moins incertaine. Faute de centre de formation agréé par le ministère des sports – structure obligatoire pour évoluer au plus haut niveau –, la Ligue nationale de basket (LNB) a refusé l’inscription du club ligérien en Pro A, conformément à son règlement. Une décision que n’accepte pas Blois, engagé dans une croisade juridique avec l’appui d’un ancien secrétaire d’Etat aux sports pour obtenir le droit de disputer la première saison de son histoire au plus haut échelon du basket.
L’aventure était belle. Dès sa seconde saison en Pro B, Blois a tenu la dragée haute aux favoris toute l’année, avant de décrocher le Graal. Le club avait à peine fêté le titre qu’une douche froide s’est abattue sur la cité des rois : l’accession en Pro A du club n’est pas validée. Et ses demandes de dérogation ont trouvé porte close.
Une « injustice » que dénonce Paul Seignolle, le président blésien. « Les joueurs se sont défoncés sur le terrain, et n’ont perdu que sept matchs la saison passé. Et pour un problème de règlement ou d’interprétation, on empêche le club de continuer à prospérer. » Après que la chambre d’appel de la Fédération française de basket-ball (FFBB) puis le CNOSF ont refusé d’arbitrer en sa faveur, c’est à Paris, devant le tribunal administratif saisi en référé, fin août, que l’avenir du club se jouera.
« Pas d’états d’âme à avoir » côté instances
« Les règlements sont faits pour être appliqués », défend Alain Béral, le président de la LNB. Et de rappeler que les quatre clubs qui n’avaient pas de centre de formation (Blois, Charleville-Mézières, Saint-Chamond et Denain) ont été « avertis plusieurs fois cette année » de la nécessité d’obtenir un agrément du ministère, en vain. « Et dès l’instant où Blois a été champion, ils sont venus nous demander les conditions d’accès à la Jeep Elite [Pro A] », s’étonne-t-il, insistant sur « l’engagement pris auprès du ministère des sports à former des jeunes. Donc il n’y a pas d’états d’âme à avoir. »
En cours de saison, tout a été mis en place, rétorque-t-on au club, pour ouvrir un tel centre à la rentrée. Mais début mai, les employés ministériels ont refusé d’octroyer l’agrément officiel, précieux sésame, jugeant le projet « virtuel ». Une décision qui hérisse Paul Seignolle, qui espérait un délai de « deux ou trois mois » avant une nouvelle visite, assurant qu’au « 30 août tous les critères seront respectés ». Trop tard, pour Alain Béral, qui rappelle la date limite : « La saison sportive s’achève au 30 juin à minuit ».
Blois a-t-il, tel la cigale, « chanté tout l’été » avant de « se retrouver fort dépourvu quand [l’accession] fut venue » ? Pour le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat, aucun doute. « Le club a fait le choix de ne pas avoir de centre de formation pendant les deux années de Pro B, et je pense qu’il a été agréablement surpris par son accession. Aujourd’hui ils ont envie de monter en Jeep Elite, et je les comprends. Mais c’est dans les règlements depuis le début. »
Décision du tribunal administratif de Paris mercredi
Un argument qui ne passe pas auprès de Thierry Braillard. Avocat de Blois, l’ancien secrétaire d’Etat chargé des sports de François Hollande dénonce une « hypocrisie ». Car il y a un autre problème : en vue d’obtenir l’agrément d’un centre de formation, un club doit inscrire une équipe de moins de 18 ans en championnat de France élite. Or, la FFBB, qui décide de l’attribution de ces « wild-card », l’a refusée à Blois depuis deux ans (avant de l’octroyer cet été, après un changement de règles). Par conséquent, « même si Blois s’était préparé bien en amont, ils n’aurait pas eu l’agrément parce qu’ils n’avaient pas d’équipe U 18 nationale », s’insurge-t-il.
Petit Poucet ayant validé son accession sur le terrain mais interdit de promotion par les instances de son sport, Blois évoque le cas de Luzenac, au football. Une comparaison que balaie Thierry Braillard, qui avait suivi de près le sort du club ariégeois depuis son ministère. « Le seul point commun avec Luzenac, c’est qu’on est dans une forme de David contre Goliath. » Car le club ariégeois avait maille à partir avec la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) autour de son budget, là où Blois s’est au contraire vu octroyer début juin le « Label de bronze » de la LNB, récompensant les bons élèves. Une première pour un club n’ayant jamais évolué en Pro A, notifiée deux jours avant que cette même Ligue ne refuse l’accession du club.
Outre les arbitrages contre son club, Paul Seignolle déplore l’absence de soutien de ses collègues. « Une fois de plus dans ce pays, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous », soupire le président, soulignant n’avoir reçu de message « que de Pau et l’ASVEL », deux clubs historiques de Pro A. Manager général et ancien joueur du club béarnais, Didier Gadou salue « l’ascension fulgurante » de Blois : « Quand on gagne le droit d’accès sur le terrain, il serait juste de pouvoir monter. » Et de regretter la disparition « au profit de textes de lois, du côté un peu magique du sport rendant possible les histoires de petits ».
Chargé d’arbitrer cette partie où chaque partie se renvoie la balle, le tribunal administratif de Paris devrait rendre sa décision mercredi 29 août à 14 heures. Un jour avant l’inauguration du centre de formation de Blois, où, bien entendu, « les présidents de la FFBB et de la LNB sont invités ».