Jean-Claude Romand a déposé une demande de libération conditionnelle
Jean-Claude Romand a déposé une demande de libération conditionnelle
Il été condamné en 1996 à la perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans pour le meurtre de cinq membres de sa famille. Sa demande sera examinée le 18 septembre.
Jean-Claude Romand en 1996. / PHILIPPE DESMAZES / AFP
Jean-Claude Romand, condamné à la perpétuité en 1996 pour le meurtre de cinq membres de sa famille après avoir menti à ses proches pendant plus de quinze ans, demande sa remise en liberté conditionnelle, a-t-on appris jeudi 6 septembre.
Sa demande sera examinée le 18 septembre, a fait savoir la procureure de la République de Châteauroux (Indre), confirmant une information de France Bleu Berry.
Incarcéré à Saint-Maur (Indre), Romand, aujourd’hui âgé de 64 ans, est un détenu qui « ne pose aucun problème, tout à fait gérable » et qui n’a « pas de passé disciplinaire », commente-t-on à l’Administration pénitentiaire. Mais comme pour n’importe quel détenu, « la question numéro un est : est-ce qu’il peut être un danger pour la société s’il sort et est-ce qu’il a compris le sens de sa peine ? », ajoute-t-on de même source.
Double parricide et triple assassinat
Son nom est lié à l’une des plus grandes affaires criminelles des trente dernières années. L’affaire a inspiré deux films : L’Emploi du temps, de Laurent Cantet (2001), et L’Adversaire, de Nicole Garcia (2002), ainsi que le livre L’Adversaire d’Emmanuel Carrère.
Cet homme avait trompé pendant une quinzaine d’années ses proches et sa famille en se faisant passer pour un médecin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il vivait en escroquant des proches, dont son père, qui lui avaient confié leurs économies pour, disait-il, les placer en Suisse.
Mais alors que la vérité menace d’éclater, le 9 janvier 1993, il tue sa femme, sa fille de sept ans et son fils de cinq ans à Prévessin-Moëns (Ain), puis ses parents à Clairvaux-les-lacs (Jura). Il rentre chez lui, met le feu à sa maison, avale des barbituriques et rate son suicide.
Retrouvé inconscient le 11 janvier dans sa maison, Romand a d’abord nié puis rapidement avoué ce double parricide et ce triple assassinat, ainsi qu’une tentative d’assassinat perpétrée contre une amie dentiste Chantal Delalande, six actes commis en moins de vingt-quatre heures.
Période de sûreté de vingt-deux ans
Lors de son procès aux assises de l’Ain à Bourg-en-Bresse, l’accusation avait présenté Romand comme un fin calculateur, qui avait tué toute sa famille parce que certains de ses proches avaient découvert son imposture, tandis que d’autres lui réclamaient leur argent.
Les psychiatres présents au procès l’avaient décrit comme un « mythomane » atteint « d’une pathologie narcissique » mais qui ne souffre, selon eux, d’aucun trouble neuropsychique susceptible d’atténuer sa responsabilité.
Selon l’accusation, les meurtres avaient été prémédités : dans les jours précédents, Romand avait acheté des jerricans et de l’essence pour incendier sa maison, plusieurs médicaments à base de phénobarbital pour endormir son fils et peut-être se suicider, une carabine 22 Long Rifle qui servira à tuer sa fille, un boîtier d’autodéfense électrique qu’il utilisera en tentant d’assassiner une amie.
Selon son propre récit, M. Romand avait tué d’abord le 9 janvier vers 8 heures du matin son épouse, Florence Crolet, 37 ans, en la frappant, endormie, à l’aide d’un rouleau à pâtisserie. Il persuade ensuite sa fille Caroline de se coucher pour lui prendre sa température, lui demande de se mettre la tête sous l’oreiller pour « jouer » et lui tire cinq balles avec sa carabine dans le dos. Pour son fils Antoine, il procède de manière identique, après lui avoir fait avaler un peu de phénobarbital. Il se rend ensuite chez ses parents et les tue.
Il a été condamné en 1996 à la perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans. S’il ne pouvait bénéficier d’aucun aménagement de peine avant 2015, Romand pouvait depuis cette date demander sa libération.