Le cardinal de Washington se prosterne pour les victimes de prêtres pédophiles
Le cardinal de Washington se prosterne pour les victimes de prêtres pédophiles
Fustigé pour avoir été défaillant face aux actes de prêtres pédophiles en Pennsylvanie, Donald Wuerl s’est allongé au sol lors d’une « messe de pénitence » dédiée aux victimes.
Le cardinal Donald Wuerl de Washington, ex-évêque de Pennsylvanie, à Washington, le 30 juin 2015. / Susan Walsh / AP
Le cardinal Donald Wuerl de Washington, fustigé pour avoir été défaillant face aux actes de prêtres pédophiles en Pennsylvanie, s’est prosterné vendredi 14 septembre en signe de repentance lors d’une messe dédiée aux victimes.
Le cardinal de 77 ans, qui fut évêque dans cet Etat du nord-est des Etats-Unis, s’est allongé au sol en ouverture d’une « messe de pénitence » en la cathédrale Saint-Matthieu, à Washington.
« Nos prières vont à ceux qui ont été victimes d’abus graves du clergé et de l’outrage supplémentaire d’une réponse inadaptée », a déclaré le prélat, qui a annoncé cette semaine vouloir se rendre au Vatican pour présenter sa démission au pape François. « Il faut être prêt à faire ce qui est nécessaire, y compris se retirer. Cette action de ma part sera un aspect essentiel de la guérison » de l’Eglise, a-t-il écrit dans une lettre aux prêtres de Washington.
Au moins mille victimes
Une enquête des services du procureur de Pennsylvanie publiée en août a mis au jour des abus sexuels perpétrés sur des décennies par plus de 300 « prêtres prédateurs » : au moins mille enfants ont été victimes de leurs agissements, couverts par l’Eglise catholique de cet Etat.
Dans le rapport final, rédigé par un jury populaire, le cardinal Wuerl, qui fut évêque de Pittsburgh de 1988 à 2006, est cité à de nombreuses reprises comme l’un des responsables ecclésiastiques ayant contribué à étouffer le scandale. Il y a eu depuis de nombreux appels à sa démission, y compris émanant de son propre clergé.
Le cardinal s’était défendu dans un communiqué, assurant que le rapport prouvait qu’il avait « agi avec diligence, dans l’intérêt des victimes et pour éviter de nouveaux abus ».
Ses défenseurs ont fait valoir qu’il avait sanctionné certains prêtres et même résisté à une injonction du Vatican de rétablir dans ses fonctions un prédateur.
« Ne vous privez jamais de dire “je suis désolé” »
Mais le procureur général de Pennsylvanie, Josh Shapiro, l’a accusé de mentir : « Beaucoup de ses déclarations suite au rapport du grand jury sont en contradiction directe par les documents internes de l’Eglise et les archives secrètes. Ses déclarations trompeuses ne font qu’ajouter aux efforts de dissimulation. »
Avant la publication du rapport, l’Eglise catholique américaine avait déjà été secouée par la démission fin juillet du cardinal Theodore McCarrick, 88 ans, à la suite d’accusations d’abus sexuels sur un adolescent remontant à plusieurs décennies.
Vendredi, lors de la messe, un fidèle ayant été victime d’un prêtre alors qu’il n’avait que 13 ans, a allumé un cierge avec Mgr Wuerl. Michael Nugent a expliqué à l’assemblée n’avoir été libéré de ce « secret enfoui » qu’à 55 ans quand quelqu’un lui a dit « ce n’était pas ta faute ».
« Vous avez vu le visage d’un survivant », a ensuite lancé le cardinal à l’adresse d’un groupe de séminaristes. « Rappelez-vous que chaque victime a un visage et ne vous privez jamais de dire “je suis désolé”. »