Emmanuel Macron et Donald Trump à New York, le 24 septembre. / LUDOVIC MARIN / AFP

A peine arrivé à New York, lundi 24 septembre en fin de journée, pour l’Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron a rencontré Donald Trump dans un salon de l’hôtel Lotte, au cœur de Manhattan. Arborant une cravate d’un rouge éclatant et souriant, le président américain s’est félicité face aux caméras de leurs « bonnes expériences communes, et si elles ne l’ont pas toujours été, c’était bien à 99 % ». Plus sobre, son homologue français a souligné les défis affrontés en commun pour la lutte contre le terrorisme et au Moyen-Orient, notamment en Syrie.

Pour appuyer le message : la longue poignée de main, devenue un rituel de leurs rencontres. L’un et l’autre ont joué la cordialité. Le président américain a laissé entendre qu’il viendrait à Paris pour les cérémonies du centenaire de la fin de la première guerre mondiale, où 80 pays sont invités, et même qu’il tiendrait un discours au forum pour la paix organisé par les autorités françaises.

« Les points de désaccord sont toujours là, mais, comme sur l’Iran, ils portent sur la méthode et non sur les objectifs », souligne-t-on côté français où, tout en continuant à défendre l’accord sur le nucléaire de juillet 2015, on insiste sur la nécessité de le compléter par trois autres piliers : l’après-2025, date d’expiration de nombre des clauses de l’accord de 2015, la limitation de l’activité balistique iranienne et la politique régionale déstabilisante de la République islamique.

Kim Jong-un, « vraiment très ouvert »

Côté américain, aussi bien le président américain que son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, ou son conseiller à la sécurité, John Bolton, se sont félicités des effets de leur « politique de pression maximale », et estiment qu’il faut encore attendre avant de commencer d’éventuelles discussions avec Téhéran. Ces dernières semaines, la Maison Blanche n’avait pas complètement fermé la porte à une rencontre avec le président Hassan Rohani mais, même si l’Assemblée générale de l’ONU pourrait être une occasion, elle semble très improbable. Le chef de l’Etat iranien l’a lui-même exclu, jugeant que les Etats-Unis ne sont « ni honnêtes ni sincères ».

L’Iran mais aussi la Corée du Nord, et plus généralement la lutte contre la prolifération, seront au cœur d’une réunion du Conseil de sécurité que dirigera Donald Trump mercredi 26 septembre. Le face-à-face avec Emmanuel Macron risque là d’être plus animé, même si le président américain semble plutôt dans une veine conciliante. Un an après avoir menacé à la tribune de l’ONU de « détruire totalement » la Corée du Nord, de retour à l’Assemblée générale, il a vanté ses bonnes relations avec Kim Jong-un, « qui a vraiment été très ouvert et, honnêtement, il a été formidable ». Evoquant un deuxième sommet avec son homologue nord-coréen après celui de Singapour, il est néanmoins resté très évasif sur la question centrale de la dénucléarisation.

« Causes profondes »

En ouvrant dans la matinée de lundi une réunion sur la lutte contre la drogue, le président américain s’est félicité de « l’énorme potentiel de l’ONU ». Par le passé, le magnat de l’immobilier ne se privait pas de ricaner au sujet de ce club « où les gens se rassemblent, bavardent et passent un bon moment ». Grand rendez-vous annuel de la diplomatie mondiale, l’Assemblée générale de l’ONU est l’occasion de nombreuses rencontres bilatérales. Mais les moments-clés, ce sont toujours les interventions pendant trois jours des dirigeants des 193 Etats membres.

C’est traditionnellement le Brésil qui ouvre ce défilé à la tribune des leaders, suivi par le président des Etats-Unis. Habitué de cette assemblée, son homologue iranien devait s’exprimer peu après. Emmanuel Macron, qui a prévu de rencontrer les deux hommes, devait quant à lui parler mardi en fin de matinée. L’an dernier, son appel à un « multilatéralisme fort » sonnait comme un défi ouvert à l’unilatéralisme de Donald Trump et à son « Amérique d’abord » en train de devenir de plus en plus une Amérique seule.

« Nous avons réussi à largement limiter les dégâts et le multilatéralisme est en train de se transformer », veut croire l’Elysée. L’intervention du président français devait cette fois peu évoquer les grands foyers de crise du monde – qui seront discutés par le Conseil de sécurité le lendemain – pour se concentrer sur les grands enjeux tels que la lutte contre les inégalités, l’accès à l’éducation, mais aussi la nécessité de réformer le système onusien mis sur pied après la seconde guerre mondiale pour lui redonner son sens et son efficacité. « Donald Trump est un symptôme et non pas la cause de la crise du système ; les causes profondes sont notre incapacité à régler nos propres désordres climatiques, économiques, sociaux », souligne l’Elysée.

La France prend en janvier 2019 la présidence du G7, elle sera donc à la manœuvre, avec aussi l’idée de réformer et d’élargir cette instance réunissant les principales puissances économiques démocratiques. Le projet dont le président français se veut le porteur « n’est pas un multilatéralisme mondialisé où les peuples vont se dissoudre ».