La CIJ donne tort à la Bolivie sur un conflit de plus d’un siècle avec le Chili
La CIJ donne tort à la Bolivie sur un conflit de plus d’un siècle avec le Chili
La Cour internationale de justice de La Haye a estimé que Santiago n’était « pas tenu de négocier » un accès à l’océan Pacifique réclamé par La Paz.
C’est un conflit qui mine les relations entre le Chili et la Bolivie depuis plus de cent trente ans et qui risque de durer encore longtemps. La Cour internationale de justice (CIJ), établie à La Haye, a estimé, lundi 1er octobre, que Santiago n’était pas obligé de négocier avec son voisin bolivien, qui cherche à retrouver un accès à l’océan Pacifique dont il a été privé en 1883.
L’arrêt, rendu par douze voix contre trois et pour lequel il n’existe pas de possibilité d’appel, était très attendu dans les deux pays, le président bolivien, Evo Morales, ayant même fait le déplacement aux Pays-Bas pour être présent à l’audience.
Le juge de la CIJ Abdulqawi Ahmed Yusuf a cependant déclaré avoir l’espoir qu’« avec la volonté des deux parties, des négociations sérieuses pourraient être engagées ». « La Bolivie ne renoncera jamais », a déclaré M. Morales dans une brève prise de parole à l’issue de l’audience, soulignant l’appel des juges à poursuivre le dialogue. « Le peuple bolivien sait que l’accès souverain à l’océan Pacifique nous a été enlevé à travers une invasion », a-t-il ajouté, en référence à la guerre du Pacifique (1879-1883), après laquelle la Bolivie a perdu 400 kilomètres de côtes.
Victoire « historique » pour le Chili
La décision de la CIJ est une victoire « historique pour le Chili, pour le droit international, pour le respect des traités et pour la cohabitation saine et pacifique des pays », a déclaré de son côté le président chilien, Sebastian Piñera, qui a suivi en direct le verdict de la cour au palais de la Moneda, à Santiago. « La CIJ a établi de manière claire et catégorique que le Chili a toujours respecté ses obligations en matière de droit international et dans ses relations avec la Bolivie », a-t-il ajouté, avant de s’en prendre à son homologue bolivien, qui a « créé de faux espoirs pour son propre peuple ».
La Bolivie, qui a déposé une plainte en 2013 auprès de la CIJ — qui s’était déclarée compétente pour se prononcer sur l’affaire en 2015 — demandait au tribunal de La Haye d’obliger Santiago à négocier « de bonne foi un accord rapide et effectif ». La Paz se fondait pour cela sur l’existence d’une série de négociations qui se sont tenues entre les deux pays pendant plus d’un siècle de manière infructueuse.
Evo Morales considère que ces négociations ont engendré une telle « expectative » en Bolivie qu’elle doit être considérée comme une obligation pour Santiago de continuer à travailler à la recherche d’une solution pour désenclaver le pays. La Paz se fonde aussi sur onze résolutions de l’Assemblée générale de l’Organisation des Etats américains adoptées entre 1979 et 1989, qui encouragent les deux parties à trouver une solution au conflit.
Traité de paix de 1904
Santiago, de son côté, affirme que la frontière actuelle est fondée sur un traité de paix signé avec la Bolivie en 1904 et que les négociations qui se sont tenues par la suite (notamment entre les dictateurs chilien, Augusto Pinochet, et bolivien, Hugo Banzer, en 1975) ne l’obligent aucunement à continuer. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont au point mort depuis la décision unilatérale de La Paz de les suspendre, en 1978.
La Bolivie et le Paraguay sont les deux seuls pays sud-américains sans accès à l’océan, bien que Santiago souligne que La Paz dispose d’une libre circulation des biens et des personnes sur le territoire chilien jusqu’à l’océan.
En 2014, la CIJ avait rendu un arrêt favorable au Pérou, qui réclamait depuis 2008 une modification de sa frontière maritime avec le Chili.