Un étudiant menotté à l’université de Nanterre, le 9 avril 2018. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Deux militants mis en cause par plusieurs policiers ayant participé à l’évacuation d’un bâtiment de la faculté de Nanterre, occupée le 9 avril par des manifestants, ont été condamnés à des peines de prison, mercredi 17 octobre. Ils étaient accusés d’avoir frappé et mordu des policiers lors de l’évacuation de l’université de Nanterre par des officiers des CRS au printemps dernier.

Un ancien étudiant de l’établissement a été condamné à six mois de prison ferme sans mandat de dépôt et un étudiant à quatre mois avec sursis. Un autre prévenu, lui aussi étudiant à l’université Paris-Nanterre, a été relaxé au bénéfice du doute. Leurs avocats avaient tous réclamé une relaxe, faute de preuves constitutives de l’infraction et du fait d’une « enquête rachitique », avait tancé l’un d’eux.

Une centaine d’étudiants, professeurs et postiers des Hauts-de-Seine en grève depuis près de six mois s’étaient donné rendez-vous devant le tribunal de Nanterre dès 8 heures pour apporter leur soutien aux trois prévenus. Le rassemblement était encadré par un important dispositif policier. « On a une volonté politique de s’en prendre à des militants, et ça, c’est inacceptable », s’est indigné à l’issue du délibéré Victor Mendez, militant à l’UNEF et au NPA, condamné à du sursis. Il a annoncé qu’il ferait « probablement » appel.

« On est face à des accusations sans preuve, des accusations contradictoires », a-t-il dénoncé. Il est accusé d’avoir mordu un policier. L’autre prévenu, condamné à six mois ferme, est, lui, accusé d’avoir donné un coup de poing à un agent. Il a interjeté appel aussitôt après la décision.

Intervention des forces de l’ordre pendant l’assemblée générale

Le jour des faits, quelques dizaines de jeunes gens étaient montés sur un toit-terrasse et avaient bloqué un bâtiment de l’établissement dans le cadre de la mobilisation nationale contre la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants), modifiant les modalités d’entrée à l’université.

La présidence de l’université avait demandé le concours de la force publique et les CRS étaient intervenus lors d’une assemblée générale tenue pacifiquement dans le bâtiment, provoquant l’émoi dans le milieu universitaire, alors qu’était commémoré l’anniversaire de Mai 68, qui avait pris naissance dans ce même établissement.

Plusieurs sites universitaires étaient alors touchés depuis plusieurs semaines par la contestation. Au plus fort de la mobilisation, quatre universités (sur soixante-treize) avaient été bloquées, dont le site universitaire de Tolbiac, qui dépend de Paris-I et Nanterre (dans les Hauts-de-Seine). Des dizaines de sites avaient également été perturbés dans toute la France.