Arte, jeudi 18 octobre à 20 h 55, série

On n’espérait plus la deuxième saison de la série The Team, trois ans après la première, proposée par Arte en 2015. Certes une fin « ouverte » y avait été ménagée mais la mort, peu après sa diffusion, de sa cocréatrice, Kathrine Windfeld, ne laissait guère augurer ce retour. La voici pourtant, à nouveau portée par un scénario épatant et une distribution exemplaire.

The Team s’inscrit dans une succession de séries policières multilingues et transfrontalières, situées (entièrement ou en partie) en pays nordiques : Bron (2011), de Hans Rosenfeldt, Meurtre au pied du volcan (2014), de Svein­björn I. Baldvinsson, Trapped (2015), de Baltasar Kormakur, Jour polaire (2016), de Mans Marlind et Björn Stein, etc.

Equipe commune d’enquête

La première saison mettait en scène une « équipe commune d’enquête » dans le cadre de la coopération policière d’Europol : une Belge (néerlandophone), une Allemande et un Danois. Les nationalités restent les mêmes en saison 2, mais les personnages changent – ainsi que l’objet de leur enquête. L’anglais sert d’idiome de liaison quand ils travaillent ensemble, et l’on entend parfois de l’arabe syrien et un peu de français.

Un soir, tout semble se passer au mieux dans une maison d’hôtes danoise qui accueille des migrants. Mais une attaque terroriste au fusil-mitrailleur et au couteau abat tous les occupants, à l’exception d’une jeune fille syrienne en fuite, chargée d’un précieux objet d’art qui est l’objet de la convoitise d’un groupe de trafiquants d’art islamique.

Une des thématiques de cette saison 2 rend compte de l’inquiétante apparition du néonazisme dans les pays nordiques

De multiples fils narratifs conduisent à la même source, mais l’une des thématiques de cette saison 2 rend compte de l’inquiétante apparition du néonazisme dans les pays nordiques, connus pourtant pour leur tradition ultradémocratique et apaisée. On se retrouve aussi assez fréquemment dans des quartiers populaires de la périphérie de Bruxelles qui ont fait parler d’eux à l’occasion d’attentats terroristes récents.

La géopolitique et la situation syrienne actuelles sont au centre du récit. Accompagnées souvent de musique sinueuse jouée au doudouk (instrument de la tradition arménienne devenu une sorte de cliché sonore de musique pour l’écran), ces scènes rappellent celles de séries aux thématiques connexes – Homeland, The Looming Tower et Le Bureau des légendes, série créée par Eric Rochant dont Canal+ lance la quatrième saison le 22 octobre.

Lire la critique de la première saison : Trilinguisme en mode polar

Parmi les clichés – ou ingrédients indispensables, c’est selon –, on notera ceux-ci : désobéissance aux ordres hiérarchiques ; attirance érotique entre deux enquêteurs qui n’avaient a priori aucune raison de s’apprécier ; tiraillement des policiers entre leur implication professionnelle et leur vie de couple ou familiale.

On relèvera aussi quelques invraisemblances et raccourcis temporels, mais qui profitent au rythme du récit, étalé sur huit épisodes d’une heure. Cependant, si l’on ressent parfois une légère sensation d’étirement, non perçue lors de la saison 1, le scénario est redoutablement efficace, et l’on ne s’ennuie pas au fil des nombreux renversements de situation.

Dommage, cependant, que la saison 2 de The Team s’achève sur une « morale de l’histoire » un peu ronflante et convenue.

The Team (saison 2). Série de Mai Brostrom et Peter Thorsboe réalisée par Kasper Gaardsoe et Jannik Johansen. Avec Lynn Van Royen, Jürgen Vogel, Marie Bach Hansen, Fatima Adoum, Sarah Perles, Josephine Park, Anders Juul, Alireza Bayram, Manuel Rubey, Nora Waldstätten (Allemagne-Belgique-Danemark, 2018, 8 x 58min). www.arte.tv