La Chine, la Russie et Donald Trump sont formels : le président américain n’est pas sur écoute
La Chine, la Russie et Donald Trump sont formels : le président américain n’est pas sur écoute
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Un article du « New York Times » affirme que les téléphones du président des Etats-Unis, auxquels il refuse de renoncer, sont surveillés par les services de renseignement russes et chinois.
Tous d’accord. La Chine, la Russie et le président des Etats-Unis ont nié avec une rare harmonie, jeudi 25 octobre, le contenu d’un article du New York Times, publié la veille. Il faisait état de l’usage que Donald Trump continuerait de faire de téléphones portables, dont un personnel, s’exposant ainsi à d’éventuelles écoutes chinoises et russes. La force de l’habitude, pour ce président septuagénaire, expliquerait notamment, selon le quotidien new-yorkais, l’attachement à son portable avec lequel il converserait avec ses vieux amis.
Comme l’indique avec une pointe de cruauté le New York Times, qui assure s’appuyer sur des sources internes à la Maison Blanche, les craintes de l’entourage présidentiel ne concerneraient pas d’éventuelles fuites d’informations confidentielles, compte tenu du peu d’intérêt que manifesterait Donald Trump pour les briefings de sécurité auxquels il est astreint. Une connaissance fine des relations qu’entretient le président permettrait en revanche aux autorités chinoises de tenter de jouer de l’influence de ces conseillers de l’ombre en les cultivant avec abnégation.
« Oscar du meilleur scénario »
Comme en pareille circonstance, Moscou et Pékin ont aussitôt nié toute tentative d’écoute de Donald Trump. « Certains ne reculent devant rien pour remporter l’Oscar du meilleur scénario », a assuré la porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying, avant de conseiller l’usage d’un produit de la marque chinoise Huawei, présentée comme plus sûre. L’emploi de ces téléphones par les militaires et les fonctionnaires américains a été interdit en août pour des raisons de sécurité nationale. La porte-parole, en verve, a ajouté que la meilleure protection consistait à « cesser d’utiliser les moyens de communication modernes et à couper tous les contacts avec l’extérieur ».
Elle a également qualifié l’article d’« information bidon », le terme souvent utilisé par le président pour discréditer la presse. Ce dernier a renchéri aux premières heures du jour en déplorant « un article long et ennuyeux », « qui est tellement inexact que je n’ai pas le temps de le corriger ». « Cette histoire est teeeeeellement fausse », a-t-il ajouté.
Il ne serait pas le premier président à rechigner à changer ses habitudes au nom de la sécurité. Son prédécesseur, Barack Obama, était arrivé en 2009 à la Maison Blanche avec l’appareil qu’il affectionnait alors et qui appartient désormais à la brève histoire des portables, un BlackBerry. En fin de mandat, l’obsolescence de l’appareil ayant fait depuis longtemps son œuvre, le président démocrate s’était résigné à utiliser un appareil dont les responsables de la sécurité à la Maison Blanche avaient drastiquement bridé les possibilités.
« Vous ne pouvez pas prendre de photos avec, vous ne pouvez pas envoyer de SMS, le téléphone ne fonctionne pas, vous ne pouvez pas écouter votre musique avec. C’est comme les jouets pour les enfants de 3 ans », avait pesté le président.