Jair Bolsonaro, le 28 octobre à Rio de Janeiro. / PILAR OLIVARES / REUTERS

Face aux critiques et aux inquiétudes d’une fusion des ministères de l’agriculture et de l’environnement, le futur président du Brésil, Jair Bolsonari, va-t-il fait marche arrière ? C’est ce qu’il a laissé entendre jeudi 1er novembre lors d’un entretien accordé à plusieurs chaînes catholiques.

« Il y avait une idée de fusion, mais il semble qu’elle sera modifiée. Tout porte à croire que ce seront deux ministères distincts, a-t-il affirmé. Le Brésil est le pays qui protège le mieux l’environnement. Nous avons l’intention de protéger l’environnement, mais sans que cela entrave le progrès. »

Pourtant mardi, à l’issue d’une réunion entre le président élu d’extrême droite et ses proches conseillers à Rio de Janeiro, le député Onyx Lorenzoni, futur chef du gouvernement, avait confirmé que « l’agriculture et l’environnement feront partie du même ministère ». Mais cette annonce avait provoqué un tollé. L’actuel ministre de l’environnement brésilien, Edson Duarte, avait ainsi exprimé sa « surprise » et sa « préoccupation » après la déclaration de M. Lorenzoni.

Critiques des organisations environnementales

Les organisations de défense de l’environnement considèrent que cette fusion reviendrait à abandonner la protection de l’exceptionnelle biodiversité du Brésil et de la forêt amazonienne, le « poumon de la planète », aux intérêts du puissant lobby de l’agrobusiness, soutien important de Bolsonaro. Des représentants de ce lobby ont eux-mêmes manifesté leur inquiétude, craignant des sanctions commerciales sur les produits agricoles brésiliens de la part de pays inquiets de la préservation de l’environnement.

Pour le ministre actuel de l’agriculture, Blairo Maggi, qui est également un important propriétaire terrien, « fragiliser l’autorité du ministère de l’environnement, à un moment où augmente la préoccupation face à la crise climatique, est imprudent ».

L’administration Bolsonaro prendra ses fonctions en janvier, avec une quinzaine de ministères, moitié moins que dans la configuration actuelle. Pour permettre ce dégraissage, d’autres fusions sont prévues, avec notamment la création de « super ministères » de l’économie, englobant les finances, le plan, l’industrie et le commerce extérieur, ainsi que de la justice, à laquelle sera aussi associée la sécurité publique.