Comment expliquer l’insurrection au Nicaragua ?
Durée : 04:15

Le président nicaraguayen Daniel Ortega a violemment attaqué mercredi 28 août le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, après la publication d’un rapport sur la situation dans son pays. Cette agence « n’est qu’un instrument de politiques de terreur, de mensonge et d’infamie », a déclaré M. Ortega lors d’un rassemblement de membres de son parti à Managua, la capitale.

Le dirigeant est confronté depuis quatre mois à des manifestations de l’opposition réclamant sa démission. La répression de ces rassemblements, au cours desquels plus de 300 personnes ont été tuées selon des associations de défense des droits de l’Homme, a suscité de nombreuses critiques internationales.

M. Ortega réagissait à la publication plus tôt dans la journée à Genève et à Managua d’un rapport de l’instance onusienne sur les violations des droits de l’Homme survenues au cours de ces manifestations entre le 18 avril et le 18 août.

Parmi les violations citées dans le document figurent « l’usage disproportionné de la force, qui se traduit parfois par des exécutions extrajudiciaires ; des disparitions forcées ; des détentions arbitraires généralisées ; la torture et les mauvais traitements ».

Lire aussi l’éditorial du Monde  : Le vrai visage de Daniel Ortega

« Outrepassé ses prérogatives »

Pour M. Ortega, le document d’être partial et de donner une image orientée des événements : dans son rapport, le Haut-Commissariat « ne dit pas un mot et ignore totalement les morts provoquées par les putschistes, les assassins, qui sont venus détruire le calme d’un peuple ».

Les autorités nicaraguayennes qualifient régulièrement de « putschistes » les participants aux manifestations antigouvernementales. Elles font état d’un bilan de 198 morts pendant ces rassemblements et en imputent la responsabilité à l’opposition.

Au-delà du rapport de mercredi, le président Ortega, un ancien guérillero sandiniste âgé de 71 ans, a étendu sa critique aux Nations unies dans son ensemble. « Personne ne croit plus les organisations internationales », l’ONU est « un instrument des puissants et de leurs politiques de mort », a-t-il fustigé.

Peu avant la diatribe de M. Ortega, le gouvernement nicaraguayen avait estimé que le Haut-commissariat aux droits de l’homme avait « outrepassé ses prérogatives » et qu’il avait montré de l’« irrespect » envers la souveraineté du pays.

Appel de Zeid Ra’ad Al Hussein

Dans un communiqué diffusé à l’occasion de la publication du rapport, le Haut-commissaire Zeid Ra’ad Al Hussein a appelé la communauté internationale à agir pour enrayer la crise au Nicaragua.

« La répression et les représailles contre les manifestants se poursuivent au Nicaragua, alors que le monde regarde ailleurs. »

Les manifestations de l’opposition dans ce pays, le plus pauvre d’Amérique centrale, ont commencé en avril contre une réforme de la sécurité sociale – abandonnée depuis – pour se durcir ensuite et s’étendre à tout le pays en réaction à la répression.

Le Nicaragua à bout de souffle après des mois de répression