Des manifestantes lors d’un rassemblement féministe à Marseille, le 29 octobre. / FRANCK PENNANT / AFP

« Nous, femmes journalistes, ferons partie du mouvement. » Dans une tribune publiée sur Franceinfo vendredi 23 novembre, 409 femmes journalistes appellent à manifester samedi pour « en finir avec les violences sexistes et sexuelles ». A l’initiative du collectif féministe #Noustoutes, des milliers de personnes sont attendues dans une cinquantaine de villes en France.

Journalistes web, radio, TV ou de presse écrite, elles dénoncent le sexisme et les violences sexuelles au sein même des rédactions. « Notre profession n’est pas épargnée par ces violences, écrivent-elles. A l’intérieur même de nos rédactions, des hommes tiennent des propos sexistes répétés, nous harcèlent, ou nous agressent, nous ou nos consœurs. »

Revenant sur le mouvement #Metoo, à l’origine d’une libération de la parole des femmes depuis un an, les signataires saluent « les nombreux témoignages, reportages, enquêtes » ayant « contribué à faire la lumière sur les violences que subissent les femmes au quotidien dans la culture, le sport, les grandes écoles, au bureau ou à l’usine ». « Les violences contre les femmes sont systémiques et doivent être traitées comme telles dans nos journaux, sur nos sites d’information et sur nos antennes », insistent-elles.

Des inégalités professionnelles et salariales persistantes

Ces 409 journalistes dénoncent également des inégalités persistantes entre hommes et femmes dans les médias :

« Nous travaillons dans des rédactions où le pouvoir est encore très largement majoritairement masculin, et ce pouvoir est source d’abus. »

Citant les chiffres de l’Observatoire des métiers de la presse, elles rappellent qu’en 2016 les femmes représentaient 37 % des rédacteurs et rédactrices en chef et 25 % des directeurs et directrices de publication ou de rédaction. Les postes les plus précaires (CDD et pigistes) sont, eux, « majoritairement occupés par des femmes », peut-on lire encore.

Samedi, des milliers de femmes et d’hommes devraient défiler dans plusieurs villes de France, à la veille de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Un an après #Metoo, et six semaines après une première mobilisation d’un millier de femmes réunies à Paris autour de la comédienne Muriel Robin, le mouvement #Noustoutes veut « passer du témoignage à l’action ».

Mais ces marches pourraient être concurrencées par des rassemblements de « gilets jaunes », qui ont également appelé à une mobilisation nationale samedi. Plusieurs militantes féministes, inquiètes des répercussions et de possibles blocages, ont d’ailleurs demandé sur les réseaux sociaux aux « gilets jaunes » de reporter leur mobilisation, ou au moins de garantir l’accès aux lieux des manifestations contre les violences sexuelles et sexistes.

En 2017, 219 000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles dans un cadre conjugal, selon des données publiées par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences (Miprof). L’année précédente, 123 femmes avaient été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour en France, et une femme sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.

Lundi, 250 personnalités avaient, elles aussi, appelé dans une tribune publiée sur Mediapart et France Inter, à participer à la marche féministe de samedi. Dans une autre tribune publiée dans Le Monde, des responsables syndicaux, dont Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), François Hommeril (CFE-CGC) ou Pascale Coton (CFTC), appelaient également à participer à cette marche « pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes au travail ».