L’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, en 2013. / C. Stromboni / Le Monde

Les trois premières années à l’université restent à haut risque pour un grand nombre de bacheliers, comme en témoignent les derniers chiffres du ministère de l’enseignement supérieur sur la réussite en licence.

Parmi les bacheliers 2013 inscrits en première année d’université, seulement 28 % ont obtenu leur diplôme de licence à l’issue des trois années de formation. La première année reste déterminante : sur 153 000 néobacheliers inscrits en septembre 2013, 30 % ont abandonné après la première année, un pourcentage similaire a redoublé et quatre étudiants sur dix ont pu accéder à la deuxième année de licence. Ces statistiques dans la lignée de celles observées lors des dix dernières années.

L’un des facteurs les plus discriminants concernant ces taux de réussite est le type de baccalauréat obtenu par l’étudiant. Si près de 50 % des titulaires de bacs généraux obtiennent leur licence en trois ou quatre ans, ces taux ne sont que de 16 % pour les bacheliers technologiques et de 5 % pour les bacheliers professionnels.

La discipline étudiée n’est pas un critère différenciant

Les mentions sont aussi de bons prédicteurs de réussite. « Parmi les étudiants ayant eu une mention très bien au baccalauréat, les trois-quarts réussissent leur licence en trois ou quatre ans. Pour ceux qui ont une mention bien, ce taux atteint 70 %. A l’inverse, les étudiants sans mention n’ont un taux de réussite que de 30 % », indique la note du ministère. En revanche, la discipline étudiée n’est pas un critère différenciant pour expliquer la réussite des étudiants.

En outre, les chiffres confirment que les filles réussissent beaucoup mieux que les garçons. Le taux de réussite des étudiantes est supérieur de 12 points à celui des étudiants.

Ces taux de réussite nationaux masquent d’importantes disparités d’une université à l’autre. Ainsi, 21 % des bacheliers à l’université des Antilles sont passés en deuxième année de licence l’année suivante. En revanche, ce chiffre était de 60 % à la faculté de sciences de Sorbonne Université (ex-Jussieu). Les universités d’Angers et de Poitiers figurent également en tête des établissements favorisant le plus la réussite de leurs élèves.

Toutefois, ces chiffres sont à prendre avec précaution : la sociologie des étudiants n’est pas la même d’une fac à l’autre. La « valeur ajoutée » du taux de passage en deuxième année, qui mesure la capacité de chaque université à faire réussir ses étudiants plus ou moins bien que les établissements accueillant un public de niveau scolaire et d’origine sociale similaire, permet d’affiner son appréciation. Avec ce critère, c’est l’Institut national universitaire Champollion, à Albi (Tarn) qui tire le mieux son épingle du jeu, obtenant une valeur ajoutée de 12. Alors que, à l’opposé, l’université de Lille-II (désormais fusionnée) fait moins bien qu’escompté, avec une valeur ajoutée négative, chiffrée à – 10.

Parcoursup, qui a pour objectif affiché de limiter les orientations par défaut, changera-t-il la donne ? Les premiers effets de ce nouveau système d’affectation des candidats dans l’enseignement supérieur, auquel s’ajoutent de dispositifs de soutien en première année, ne pourront pas s’observer avant au moins un an.

Le ministère calcule les taux de réussite en trois ans de quatre manières différentes, selon la population étudiante prise en compte. Le Monde présente ici les chiffres de la « méthode 3 » qui prennent en compte les étudiants « restés trois années dans le même établissement ou qui ont quitté le système universitaire la troisième année ».

Les détails sur la méthodologie du ministère, et notamment sur le calcul de la valeur ajoutée et des cohortes, peuvent être consultés dans les documents rassemblés ici.