A la foire Galeristes, l’art contemporain pour tous
A la foire Galeristes, l’art contemporain pour tous
Par Emmanuelle Lequeux
Pour sa troisième édition au Carreau du Temple, à Paris, le jeune salon confirme son désir d’aller hors des sentiers battus du marché de l’art.
« On ne naît pas collectionneur, on le devient » : tel est le motto de Galeristes, jeune foire d’art contemporain parisienne qui joue la singularité à plein régime. Pour sa troisième édition, Galeristes confirme son désir d’aller hors des sentiers battus du marché de l’art. Parmi la trentaine de galeries sélectionnées par Stéphane Corréard, initiateur de l’événement, aucune qui se laisse aller dans le sens du vent. Burlesque, dramatique, 100 % carton ou carrément « tête de gondole » (pour les délicieux multiples édités par l’association We Do Not Work Alone, disponibles dès 20 euros), chaque accrochage peut se lire comme un autoportrait de la galerie.
Avec ses tiroirs qu’on imagine à fonds secrets, ses niches qui donnent à l’ensemble un côté domestique, la scénographie de métal s’avère parfaite pour l’exercice. Résultat, on a envie de fouiner partout, plutôt que de se repérer à coup de cartels et de noms d’enseignes, comme c’est la coutume dans les méga-foires telles la FIAC. « C’est la seule foire d’art contemporain où Gagosian serait refusé ! », s’amuse Stéphane Corréard, qui a le sens de la formule, et surtout un credo : « Si l’on ne défend pas davantage l’écosystème des galeries indépendantes, de toutes celles qui se considèrent comme des artisans, alors le marché de l’art se restreindra à sa part la plus industrielle ». Sa tactique : « Désinhiber les visiteurs, pour susciter de nouvelles vocations de collectionneurs, même modestes », résume-t-il.
Pour 1 000 ou 2 000 euros, on peut ainsi devenir l’heureux propriétaire d’un dessin de Dove Allouche, chez Dilecta, d’une sérigraphie historique du graphiste Roman Cieslewicz ou de dessins rococo-monacaux de Guillaume Dégé chez Sémiose, ou encore d’une de ces troublantes aquarelles de la jeune Mélanie Delattre-Vogt, que la galerie lyonnaise Michel Descours met en dialogue avec des gravures de Fred Deux, dernier des surréalistes. Car les « anciens » ne sont pas négligés : on peut s’arrêter aussi sur les litanies géométriques de Pierrette Bloch (galerie Smagghe), ou sur les clichés rares de Michel Journiac (chez Christophe Gaillard), pionnier des explorations transgenres qui, plus de vingt ans après sa mort, trouve enfin son audience. L’an prochain, Galeristes se tiendra en octobre, pendant la FIAC : cela promet une sacrée émulation du côté du « off ».
Galeristes, 3e édition. Carreau du Temple, 4, rue Eugène Spuller, Paris 3e. Jusqu’au 2 décembre, de 13 heures à 19 heures. De 5 € à 10 €.