Thierry Mariani pourrait finir par échapper au Rassemblement national
Thierry Mariani pourrait finir par échapper au Rassemblement national
Par Lucie Soullier
L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy s’est fait plus allusif qu’à l’accoutumée à l’évocation de sa candidature aux élections européennes.
L’affaire était présumée conclue, au point que le conditionnel se fond dans le futur proche depuis des mois. Marine Le Pen ravirait Thierry Mariani au parti Les Républicains et épinglerait son butin en haut – mais pas trop – de la liste du Rassemblement national aux européennes. L’annonce officielle n’était plus qu’une question de timing et de « mise en scène ».
La révélation à venir tournait tant qu’elle avait fini par lasser, et tuer jusqu’à l’effet d’annonce de la prise de guerre elle-même. De temps à autre, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy envoyait un nouveau signal de rapprochement pour entretenir le ronron de son prochain passage de rubicon. Jusqu’à motiver sa démission du comité d’éthique de l’antenne française de la chaîne d’information russe, RT, mercredi 28 novembre, par sa décision « dans les mois à venir de renouer avec la vie politique ».
Et patatras. Jeudi matin, Thierry Mariani s’est fait plus allusif qu’à l’accoutumée à l’évocation de sa candidature aux prochaines européennes. Comme il l’a toujours répété, son choix n’est pas « définitivement » fait, mais les « fortes chances » qu’il rejoigne la liste RN ont disparu de ses confidences au Monde. Le voilà hésiter à voix haute avec celle de Nicolas Dupont-Aignan. Surtout, Thierry Mariani évoque désormais des raisons personnelles qui pourraient bien le voir finalement échapper au RN. « Il y a des décisions qui font remuer dans les familles », laisse-t-il planer. Pas si simple de rallier la liste du parti fondé par Jean-Marie Le Pen, même « dédiabolisé », même rebaptisé.
Sonner le « rassemblement »
Thierry Mariani ne pourra plus tergiverser bien longtemps, car le RN a annoncé qu’il dévoilerait sa liste le 13 janvier, lors d’une « convention » à Paris. Et le parti d’extrême droite compte toujours sur le nom de l’ancien ministre de droite pour sonner le « rassemblement ».
Le suspense semble en revanche toucher à sa fin quant à celui qui raflera la première place de la liste. Plus qu’une rumeur, un « vrai scénario à l’étude », selon un proche de Marine Le Pen, y assoit désormais Jordan Bardella. L’ancien secrétaire départemental de Seine-Saint-Denis rapidement monté dans les faveurs de l’état-major RN cumule déjà, à 23 ans, les fonctions de porte-parole du parti et de directeur national de son antenne jeunesse, Génération nation. « Un jeune, ça détonne un peu… mais est-ce que ça renforce vraiment notre crédibilité ? », grince un cadre.
Reste que cette jeunesse à la tête de la liste du RN a bien d’autres vertus pour la présidente du mouvement, notamment celle d’éviter que l’attention ne se focalise sur l’intéressé, le 13 janvier. Une option qui rendra plus visibles, derrière lui, les noms hors RN devant acter la capacité du parti à attirer au-delà de lui-même… mais qui révélera également plus crûment les noms qui, finalement, ne s’y trouveront pas.