LES CHOIX DE LA MATINALE

En cette semaine de Noël, à retenir notamment : Miraï, ma petite sœur, ou l’évocation par le Japonais Mamoru Hosoda des tourments d’un petit garçon de 4 ans ; Bumblebee, un « spin-off » de la saga Transformers, entre film d’action et « teen movie » et L’Homme fidèle, histoire d’amour triangulaire de et avec Louis Garrel.

« Miraï, ma petite sœur » : psyché enfantine à grand spectacle

MIRAI MA PETITE SOEUR Bande Annonce (Animation, 2018)
Durée : 02:18

Un moment, on se croit piégé dans un pot de miel. Tout est mièvre, la musique, le graphisme, les situations. Et le doublage en français (puisque c’est dans cette version que j’ai vu Miraï, ma petite sœur) n’arrange rien. Un montage de clichés raconte les amours d’un couple de jeunes Japonais, lui est architecte, elle, styliste. Ils s’installent dans un joli pavillon d’un quartier de Yokohama. Un petit garçon, Kun, naît. Tout est ordinaire, idyllique. Et si l’on ne savait pas que ce film est sorti de l’imagination de Mamoru Hosoda, l’auteur des Enfants loups, on baisserait les bras.

Mais ce prologue n’est qu’un sas qui mène vers un monde peuplé de monstres et de créatures merveilleuses, un monde instable sujet aux séismes que provoquent les émotions : la psyché d’un petit garçon de 4 ans. Comme s’il était issu d’un croisement entre Hayao Miyazaki et le docteur Spock (le pédiatre, pas le Vulcain), Mamoru Hosoda se glisse une nouvelle fois dans la peau d’un enfant, pas tant pour le comprendre que pour donner, à l’intention du reste du monde (les jeunes de 7 à 77 ans, en gros), une forme perceptible à cette période déterminante et souvent oubliée. Cette forme, c’est ce récit intime et libre, nourri de l’invention graphique d’Hosoda, qui, s’il n’atteint pas la puissance épique des Enfants loups, offre un bain de jouvence indispensable en ce solstice d’hiver. Thomas Sotinel

Film d’animation japonais de Mamoru Hosoda (1 h 38).

« Bumblebee » : un « Transformer » gagné par l’esprit de Noël

BUMBLEBEE Bande Annonce 2 VF (2018)
Durée : 02:45

On s’en pincerait, mais voici un « Transformer » gagné par l’esprit de Noël ! Le roi du blockbuster catastrophiste Michael Bay avait signé, de 2007 à 2017, l’inénarrable pentalogie de ces boîtes de sardines géantes dotées, en moins mélodieux, du virilisme vocal de Barry White. Quelques milliards de profits plus tard, il cède la main à Travis Knight, auteur d’un film d’animation déjà remarqué (Kubo et l’Armure magique), et qui signe avec Bumblebee un deuxième long-métrage non moins réussi. Mélange de film d’action et de « teen movie », Bumblebee tire la saga vers une douceur bienvenue.

On y retrouve évidemment l’univers Transformers (originellement hérité d’une gamme de jouets américano-nippone). Soit une planète nommée Cybertron, peuplée de robots transformables livrés à une guerre civile séculaire dont l’extension, comme s’il manquait de planètes dans l’Univers, a régulièrement lieu sur notre Terre. Là-dessus, les urticants Decepticons veulent nous raser, projet auquel s’opposent avec ténacité les aimables Autobots.

Quelque chose d’une autre saga, également mécanisée mais bon enfant, traverse aussi ce film : celle inaugurée en 1968 par Un amour de coccinelle, de Robert Stevenson, l’histoire d’une gentille Volkswagen qui n’en fait qu’à sa tête et pense à rapprocher les cœurs. Les deux influences créent cet objet étrange qu’est Bumblebee, « spin-off » de la saga, localisé en Californie en 1987 et consacré à l’intempestif mais charmant Autobot jaune et noir qui porte ce nom et qui se transforme tantôt en Chevrolet Camaro tantôt en Coccinelle. Jacques Mandelbaum

Film américain de Travis Knight. Avec Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr. (1 h 54).

« L’Homme fidèle » : recueil d’énigmes amoureuses

L'HOMME FIDÈLE Bande Annonce (2018) Lily-Rose Depp, Louis Garrel
Durée : 01:49

C’est un bonsaï, ou une maison de poupée. Un film délibérément plus exigu que ce qu’exigeraient son contenu (une histoire d’amour triangulaire qui court sur dix ans) et son histoire (fruit de la rencontre entre son auteur-interprète et son vénérable scénariste). En une heure et quart, Louis Garrel et Jean-Claude Carrière font miroiter les possibilités infinies de leur scénario pendant que le réalisateur trempe un doigt de pied dans tous les fleuves que son expérience et sa cinéphilie lui ont fait traverser, des classiques hollywoodiens aux jeunes Parisiens en passant par la Nouvelle Vague.

L’expérience produit un mélange de plaisir et d’agacement, à moins d’avoir la force d’âme nécessaire pour attendre le prochain film de Louis Garrel, histoire de vérifier le sérieux des clins d’œil et des promesses esquissées. Auquel cas, il ne reste que le plaisir. L’Homme fidèle commence par une scène de rupture. Marianne (Laetitia Casta) annonce à Abel (Louis Garrel) qu’elle est enceinte. Mais pas de lui. De son meilleur ami, Paul. Avec qui elle va se marier. Une petite dizaine d’années plus tard, Paul meurt, dans son sommeil. Abel profite de ses funérailles pour renouer avec Marianne. Avec le défunt, elle a eu un fils, Joseph (Joseph Engel). Depuis le début du film, une très jeune fille traîne dans les pourtours du cadre, Eve (Lily-Rose Depp), sœur du défunt Paul, qui a toujours été amoureuse d’Abel. T. S.

Film français de et avec Louis Garrel. Avec Laetitia Casta, Lily-Rose Depp, Joseph Engel (1 h 14).

Les sorties cinéma de la semaine (mercredi 26 décembre)

A l’affiche également :

  • Au bout des doigts, film français de Ludovic Bernard
  • Mia et le lion blanc, film allemand, français et sud-africain de Gilles de Maistre
  • Seconde chance, film américain de Peter Segal