Federer et sa retraite

Un rocher et Roger Federer, en Australie. / Richard Wainwright / AP

C’est une petite phrase, lâchée en marge de la Hopman Cup – tournoi d’exhibition signalant le début de la nouvelle saison –, qui a fait frissonner les supporteurs de Roger Federer. L’icône, évoquant son programme 2019 à la télévision suisse SRF : « On verra plus tard si je continuerai une saison de plus ou non. » Puis, comme pour éteindre l’incendie qu’il venait seulement d’allumer : « Pour le moment, je ne pense pas vraiment à la retraite. »

A 37 ans, plus la peine de se voiler la face : la retraite du plus grand joueur de l’histoire – vous êtes libres d’en débattre dans les commentaires – peut être annoncée d’un moment à l’autre. Le Suisse a vingt ans de circuit ATP dans les jambes, a pu mettre de côté pour les enfants et n’a plus guère d’objectif chiffré à poursuivre, si ce n’est un 100e titre.

En 2019, chaque phrase du maître sera donc pesée au trébuchet. Un genou qui couine, un dos qui chatouille ou un poignet qui grince, et l’on s’inquiétera de voir disparaître pour toujours son merveilleux revers. « Avec mon âge, je ne peux pas prédire exactement ce qui se passera dans deux ans, mais j’aime être sur le circuit », avait dit Federer une semaine plus tôt. Rassurant, tout de même. Côté français, on se contenterait d’une dernière apparition à Roland-Garros, où le Suisse n’a plus sali ses chaussures depuis 2015. La tendance semble à un retour au printemps.

Le XV de France et son aller-retour express au Japon

Par souci d’économies, le XV de France se rendra au Japon en courant. / GONZALO FUENTES / REUTERS

A jamais les premiers ? En huit éditions de la Coupe du monde de rugby, les Bleus ont toujours passé le premier tour. Même quand ils ont perdu contre les Tonga, en 2011. Tombé à la 10e place du classement mondial, incapable de battre les Fidji, le XV de France aborde le mondial au Japon (du 20 septembre au 2 novembre 2019) dans ses petits souliers dans un groupe C composé de l’Angleterre, de l’Argentine, des Tonga et des Etats-Unis.

Pour finir dans les deux premiers, il faudra au moins battre l’Argentine (le 21 septembre) ou l’Angleterre (le 12 octobre). Bonne nouvelle, les hommes de Jacques Brunel n’ont peut-être gagné que trois matchs en 2018, mais les Pumas et le XV de la Rose figurent parmi les victimes. « Hormis la Nouvelle-Zélande, tout est possible, la France peut battre tout le monde et perdre contre tout le monde », a bien dit le président de la Fédération française de rugby, Bernard Laporte. Pas faux. Les Français peuvent bien terrasser l’Argentine et trébucher contre les Américains. Après tout, cette équipe n’a plus aucune marge.

Bernard Laporte et les affaires

Crânes chauves et cheveux blancs. France, 2018. / NICOLAS TUCAT / AFP

On ne s’ennuie jamais avec la FFR de Bernard Laporte. Entre les passages chez Hanouna, les salaires de Serge Simon, les engagements non tenus et les services rendus aux copains, la gestion de la FFR est devenue un feuilleton navrant pour les licenciés. Ce n’est pas fini : en 2019, on devrait avoir des nouvelles de l’enquête pour favoritisme ouverte par le parquet national financier, saisi par le ministère des sports. Elle concerne les liens entre l’ancien ministre et l’homme d’affaires Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier et sponsor du XV de France. Des perquisitions ont été effectuées au siège de la fédération et aux domiciles de MM. Laporte et Altrad en janvier 2018.

Autre procédure judiciaire menaçant la FFR : les collectivités partenaires de l’ex-futur grand stade de rugby ont saisi en février le tribunal administratif de Versailles. Lancé dans l’Essonne depuis 2011, le projet a été abandonné après son élection par Bernard Laporte – la Cour des comptes, notamment, avait rendu un avis défavorable au projet. Les collectivités réclament plus de 50 millions d’euros en compensation des dépenses réalisées. Ce qui n’arrangerait pas les comptes de la fédération, déjà dans le rouge et qui a provisionné le paiement d’une pénalité financière au groupement Ibelys, avec qui elle avait signé le contrat constructeur du « grand stade ».

Adrien Rabiot et son transfert

Une image qu’on ne reverra plus. / Michel Euler / AP

Voilà un footballeur pour qui la France s’est prise d’une passion malsaine et éloignée de son statut sportif. Paria aux yeux du grand public depuis qu’il a refusé un statut de suppléant pour la Coupe du monde 2018, Adrien Rabiot est, depuis cet hiver, paria aux yeux des supporteurs de son propre club, le Paris-Saint-Germain. Sa faute ? Avoir refusé de prolonger son contrat s’achevant en juin 2019, ce qui lui permet de signer, dès le 1er janvier, pour un autre club – qu’il rejoindrait six mois plus tard – sans la moindre indemnité pour son club formateur. Autrement dit : une catastrophe industrielle pour le PSG, en manque d’argent frais.

Le feuilleton pourrait certes s’achever dès les prochains jours, avec l’annonce d’un transfert au FC Barcelone, dès janvier ou en fin de saison. Mais notre avis est que l’on n’a pas fini d’entendre parler de Rabiot cette année. Qu’il soit relégué en équipe réserve par le PSG, sous les hauts cris de l’UNFP (syndicat des joueurs) ; qu’il explose au Barça et se pose à nouveau en prétendant à l’équipe de France, ce dont Didier Deschamps ne veut plus entendre parler, ou que son remplaçant que cherche le PSG ne soit jamais à la hauteur, et fasse regretter au club parisien de n’avoir pas mieux géré la situation.

Les Russes et le dopage

Iouri Ganus, directeur général de l’agence russe antidopage, a la particularité de porter à la fois un bouc et une épingle à cravate. / Alexander Zemlianichenko / AP

Vous en avez marre ? L’Agence mondiale antidopage (AMA) aussi, mais il est à craindre que le scandale du dopage russe joue une saison 5 cette année. En effet, au 31 décembre, l’expert indépendant nommé pour récupérer des échantillons suspects mis sous scellés au laboratoire de Moscou n’avait toujours pas pu accomplir sa mission, ouvrant la voie à un réexamen de la situation de la Russie. L’agence russe antidopage avait été réintégrée par l’AMA en septembre mais cette condition devait être remplie avant la fin de l’année 2018. Une nouvelle suspension aurait des conséquences plus graves pour la Russie, comme l’impossibilité d’organiser des grandes compétitions sur son sol.

Dans l’hypothèse où les échantillons seraient enfin récupérés et analysés par les instances antidopage, les fédérations internationales pourraient continuer – ou plutôt commencer, pour la plupart d’entre elles – à suspendre des athlètes russes impliqués dans les manipulations opérées dans la période où Grygory Rodchenkov, devenu lanceur d’alerte, dirigeait le laboratoire. Enfin, 2019 devrait être l’année de l’entrée dans le droit américain du « Rodchenkov Act », qui autorisera les Etats-Unis à faire sa propre loi en matière d’antidopage, et ce dans le monde entier.

L’équipe Sky et son repreneur

Ceci n’est pas l’équipe RAGT Semences. / Daniel Karmann / AP

Le compte à rebours est lancé pour la plus grande équipe cycliste du monde, celle qui chaque année assomme le Tour de France et repart avec le maillot jaune. Son propriétaire, l’opérateur de télévision Sky, a annoncé son intention d’arrêter ses investissements dans le vélo à l’issue de la saison, à la suite de son rachat par le groupe américain Comcast. Le patron de l’équipe, le Gallois Dave Brailsford, a quelques mois seulement pour trouver un repreneur.

Sa date limite pour l’annonce d’un sponsor est le mois de juillet, mais sans piste sérieuse début mai, l’équipe britannique considérera que son avenir n’est plus garanti. Elle dira alors à ses vedettes qu’elles peuvent négocier un contrat ailleurs, ce qui occasionnerait un chamboulement majeur dans le peloton. Les cibles du management de Sky étant des entreprises internationales (américaine, colombienne, italienne ou française), le premier semestre devrait donner lieu à de multiples fuites et intox. Les organisateurs du Tour de France, lassés de la domination lénifiante de la Sky, et les adversaires de l’équipe britannique, qui voient le maillot jaune leur échapper chaque été, suivront le feuilleton de très près.

Les Bleues et leur étoile

Quand on pense que Martin Solveig n’a même pas pris un jaune… / TOBIAS SCHWARZ / AFP

Vive la parité ! Championne du monde de football chez les garçons en 2018, la France espère bien récidiver chez les filles le 7 juillet 2019. L’occasion est trop belle. Pour la première fois, le pays organisera la Coupe du monde féminine (du 7 juin au 7 juillet). Quatrièmes en 2011, quart-de-finalistes en 2015, les Bleues visent le podium cette fois et la première marche si possible. « A domicile ou partout ailleurs, quand on démarre une compétition, c’est pour gagner », annonce la sélectionneuse Corinne Diacre.

Les coéquipières d’Amandine Henry ont hérité d’un premier tour à leur portée avec la Corée du Sud, la Norvège et le Nigeria. Mais le gros morceau pourrait les attendre en quarts de finale avec les Etats-Unis (trois fois champions du monde en sept éditions). Et pourquoi pas une finale (à Lyon) le 7 juillet contre le Brésil pour imiter les garçons de 1998 ?

Neymar, Mbappé et le fair-play financier

Les deux coffre-forts du PSG. / MARKO DJURICA / REUTERS

Un feuilleton sportif les premiers mois de l’année, jusqu’en mai, espère le Paris-Saint-Germain, où le duo semble détenir la clé de la durée de vie du club en Ligue des champions. Un feuilleton financier ensuite. Le PSG risque une sanction plus lourde que prévu dans le cadre du fair-play financier de l’UEFA, et une réévaluation à la baisse de son principal contrat de sponsoring. Ses besoins d’argent seraient alors considérables.

Dans ce contexte, pourra-t-il conserver ses deux attaquants, dont les salaires pèsent sur ses finances et qui sont, de loin, ses principaux actifs ? Dans un entretien à Mediapart au moment des « Football Leaks », le directeur général du club, Jean-Claude Blanc, avait reconnu que le PSG pourrait être poussé, en cas de nouvelles sanctions, à se séparer de l’un des deux joueurs dès l’été prochain : « Par cette décision, connaissant nos comptes (…) l’UEFA, seule ou poussée par d’autres clubs et une ligue (…) hispanisante, dit que le PSG est obligé de vendre un de ses gros joueurs pour être à l’équilibre en 2019-2020. »

Pour avoir écrit, début décembre, que le PSG serait peut-être poussé à se séparer du Brésilien ou du Français, le journal L’Equipe a été écarté des conférences de presse du club. Signe, au moins, de l’extrême sensibilité du sujet dans l’état-major du club parisien.

Thierry Henry et la Ligue 2

« Allez, on échange ? » / ERIC GAILLARD / REUTERS

L’entraîneur de l’AS Monaco est une encyclopédie du football. « Il se souvenait même d’un match Orléans-Louhans-Cuiseaux que j’avais joué en 2e division », jure son ancien coéquipier à Arsenal, Guillaume Warmuz. Aujourd’hui, la 2e division s’appelle Ligue 2, Louhans-Cuiseaux n’y figure plus depuis un moment mais Monaco pourrait bien y faire un tour la saison prochaine.

Depuis qu’il a remplacé Leonardo Jardim à la tête de l’ASM le 11 octobre, Henry découvre la dure vie d’un entraîneur luttant pour le maintien (19e et avant-dernier du classement). « On est en mode maintien », disait l’ancien attaquant des Bleus… deux jours avant une défaite à domicile contre le dernier, Guingamp.

Parfois résigné, parfois cassant (« je vais peut-être reprendre une licence »), Henry compte sur le mercato d’hiver pour amener de l’expérience à un effectif certes pléthorique, mais très jeune et perfectible. Une chose est sûre : le jeune entraîneur de 41 ans avait imaginé sa première fois bien autrement.

Didier Deschamps lors du tirage au sort pour la Coupe du monde de football féminine, le 8 décembre à Boulogne-Billancourt. / Christophe Ena / AP

Didier Deschamps et le renouvellement

On ne change pas une équipe qui gagne. Encore moins quand elle est championne du monde. Didier Deschamps a respecté l’adage et très peu touché à son groupe de « mondialistes ». Si certains nouveaux ont réussi à pointer le bout de leur nez (Lecomte, Ferland Mendy, Ndombele, Pléa), c’est au profit de blessures des champions du monde.

Si le sélectionneur prévient qu’il n’est pas là pour « faire de la nouveauté », il a réfuté dans un entretien à RMC Sport tout « totem » d’immunité pour les grognards la campagne de Russie. En 2019, certains seront menacés, comme Benjamin Pavard au poste de latéral droit ou même Olivier Giroud en attaque.

La relève, elle, patiente. Les Lyonnais Tanguy Ndombélé et Houssem Aouar sont des alternatives crédibles en milieu de terrain, Aymeric Laporte (titulaire avec Manchester City) ou le Barcelonais Clément Lenglet postulent aussi en défense centrale. Didier Deschamps peut aussi sortir une surprise de son chapeau lors des matchs de qualification (de mars à novembre) pour l’Euro 2020. Après tout, qui connaissait Benjamin Pavard au début de l’année 2018 ?