Japon : prix record de 2,7 millions d’euros pour un thon
Japon : prix record de 2,7 millions d’euros pour un thon
Le Monde.fr avec AFP
La bête a été pêchée au large de la préfecture d’Aomori (nord du Japon). La somme à laquelle elle a été vendue équivaut à près de 10 000 euros le kilogramme.
Un thon rouge de 278 kilos s’est vendu à un prix record de 2,7 millions d’euros à Tokyo le 5 janvier. / KAZUHIRO NOGI / AFP
Un thon rouge de 278 kilos s’est vendu samedi 5 janvier à un prix record de 2,7 millions d’euros à Tokyo, un succès inattendu pour les premières enchères du Nouvel An au nouveau marché de Toyosu, encore en phase de rodage. A 5 h 10 du matin, les cloches ont retenti pour marquer l’ouverture de la vente.
Exposés aux potentiels acheteurs capables de juger de leur qualité gustative à l’œil, des centaines de thons rouges frais et congelés, alignés, ont été adjugés un à un au cours d’un spectacle visuel et sonore que ne comprennent que les initiés.
Les participants, dont le nom est écrit sur leur casquette, enchérissent par une gestuelle codée que repère immédiatement le préposé dont les paroles ressemblent parfois à un chant religieux. « C’est un beau thon, plus cher que prévu », a commenté l’acheteur du plus gros morceau, Kiyoshi Kimura, patron de la chaîne de restaurants Sushi Zanmai. Il détenait déjà le précédent record, plus de deux fois inférieur, en 2013, pour un thon moins gros, de 222 kg.
Celui du jour sera découpé avant midi et vendu en sushi au prix habituellement pratiqué par l’enseigne.
Changement d’ère
Cette année encore, la bête a été pêchée au large de la préfecture d’Aomori (nord du Japon). La somme à laquelle elle a été vendue équivaut à près de 10 000 euros le kilogramme, du jamais vu, un prix élevé qui peut aussi choquer.
D’après M. Kimura, le nombre de thons proposés à Toyosu est inférieur à ce qu’offrait le marché de Tsukiji, et cette rareté de très belles pièces est une des raisons du tarif atteint. « J’espère que la première vente du Nouvel an qui suscite un immense intérêt deviendra un symbole pour l’année de l’enthousiasme sur ce marché de Toyosu », a pour sa part déclaré la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike.
Il s’agissait de la première vente à la criée de début d’année à Toyosu, marché qui a ouvert le 11 octobre pour succéder au légendaire Tsukiji qui a fermé il y a trois mois après plus de 80 ans d’histoire. Il s’agissait aussi des dernières enchères du Nouvel An de l’ère Heisei, celle de l’empereur Akihito qui abdiquera fin avril, en vertu d’une loi d’exception, après 30 ans de règne.
Améliorer le marché
La municipalité de Tokyo, qui a pris la décision de fermer Tsukiji, veut que Toyosu devienne aussi populaire, mais la structure même de Toyosu (ensemble d’immeubles modernes dans un quartier excentré) constitue un obstacle comparé à Tsukiji, très pittoresque et près du centre de la capitale.
De plus, même si « aucun gros problème n’est venu troubler la période très chargée des fêtes du Nouvel an », selon un dirigeant du marché, Shigo Yokota, quelques soucis sont apparus ici et là, comme l’a reconnu à demi-mot le représentant des grossistes, Yoshihiko Otaki : « cette année, nous voulons réfléchir tous ensemble pour améliorer le marché et faire en sorte qu’il soit facile à utiliser pour tout le monde ».
Même après la fermeture de Tsukiji, décidée au terme d’un très laborieux débat qui a duré des décennies, de nombreux poissonniers des lieux avouaient aller à Toyosu à reculons, tout en reconnaissant que la vétusté du précédent marché constituait un problème.
Mais le fait que Toyosu soit bâti sur le terrain où était construite une usine à gaz continue d’inquiéter, car l’eau souterraine n’est pas totalement assainie. D’autres soulignent des problèmes divers de conception, comme la tuyauterie d’évacuation sous-dimensionnée ou encore les passages étroits et virages en épingle à cheveux que doivent emprunter les chariots électriques pour déplacer la marchandise dans le marché très encombré.