Le prix Simone-de-Beauvoir remis à une Salvadorienne pour son combat pour le droit à l’avortement
Le prix Simone-de-Beauvoir remis à une Salvadorienne pour son combat pour le droit à l’avortement
Par Angeline Montoya
Sara Garcia Gross milite depuis une dizaine d’années pour le droit des femmes à disposer de leur corps, dans un pays dont la législation anti-IVG est parmi les plus restrictives au monde.
Sara Garcia Gross. / DR
Le prix Simone-de-Beauvoir 2019 pour la liberté des femmes sera remis, mercredi 9 janvier, à la militante salvadorienne Sara Garcia Gross, qui lutte dans son pays et dans la région d’Amérique centrale pour que soit reconnu le droit à l’avortement.
La distinction, qui sera remise à la Maison de l’Amérique latine à Paris, a été créée en 2008 à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de l’auteure du Deuxième Sexe afin de « contribuer à mobiliser la solidarité internationale, réaffirmer le droit des femmes dans le monde, garantir la protection de celles et ceux qui luttent aujourd’hui au risque de leur vie, et défendre à leurs côtés les idéaux d’égalité et de paix ».
Il a été attribué par le passé à la militante pakistanaise et Prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, à la maire de Lampedusa (Italie), Giusi Nicolini, pour son action en faveur des migrants naufragés de la Méditerranée, ou encore à l’écrivaine et journaliste Asli Erdogan, menacée d’une peine de prison à vie pour ses articles dans la presse turque.
Sara Garcia Gross, 33 ans, milite de longue date dans son pays. Le Salvador est un des huit pays au monde à interdire l’avortement dans tous les cas de figure, même en cas de danger pour la vie de la femme enceinte. Les autres pays sont le Nicaragua, le Honduras, la République dominicaine, Haïti, le Suriname, Malte et le Vatican.
« Un appui à son travail en faveur des droits des femmes »
Educatrice, universitaire, elle est membre de l’Association citoyenne pour la dépénalisation de l’avortement, qui a présenté en 2016 un projet de loi pour dépénaliser l’avortement en cas de viol, de situation de traite des femmes, de danger pour la vie de la femme enceinte et de malformation grave du fœtus. Sara Garcia Gross n’hésite pas à arpenter les plateaux de télévision de son pays malgré les menaces de plaintes, par les secteurs conservateurs, pour « apologie du crime ».
Elle intervient également lors de procès de femmes poursuivies pour avortement, fait du lobbying auprès de législateurs et participe aux mobilisations citoyennes, qui ont notamment permis la libération, le 15 février 2018, de Teodora Vasquez, condamnée à 30 ans de prison en 2008 pour une fausse couche considérée comme un « homicide aggravé ».
« Donner le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes à Sara Garcia Gross, c’est reconnaître que son action s’inscrit dans la lignée de celle de Simone de Beauvoir, explique un communiqué du jury du prix Simone-de-Beauvoir, actuellement présidé par la militante Sihem Habchi. Il s’agit aussi d’offrir, depuis la France et l’Europe, un appui à son travail en faveur des droits des femmes, d’attirer l’attention internationale sur la situation de femmes emprisonnées ou menacées de prison en raison de la négation de leur droit sur leur corps. »