Le cardinal Philippe Barbarin, le 7 janvier, au tribunal correctionnel de Lyon. / JEFF PACHOUD / AFP

A l’ouverture de son procès, lundi 7 janvier, pour non-dénonciation des agressions sexuelles commises par le père Bernard Preynat, le cardinal Philippe Barbarin a nié les faits qui lui sont reprochés. « Je n’ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles », a-t-il lancé devant le tribunal correctionnel de Lyon.

Le primat des Gaules comparaît jusqu’à mercredi avec cinq anciens membres du diocèse de Lyon pour ne pas avoir dénoncé à la justice des abus sexuels commis sur de jeunes scouts de la région par le prêtre Preynat, entre 1986 et 1991. Depuis que l’affaire a éclaté, il y a trois ans, Mgr Barbarin a déjà nié ces accusations, tout en reconnaissant des erreurs d’appréciation et en demandant pardon aux victimes des prêtres pédophiles. Mais en 2016, lors d’une assemblée des évêques à Lourdes, il avait eu des mots qui avaient provoqué la polémique en déclarant que « grâce à Dieu, la majorité des faits » d’abus sexuels étaient « prescrits ».

« Je n’ai pas toujours su employer les mots les meilleurs et les plus adroits dans le passé », a-t-il reconnu lundi dans une déclaration lue à la barre au premier jour du procès, avant de répondre aux questions du tribunal. Mgr Barbarin avait eu connaissance d’anciens faits d’agressions sexuelles durant les années 2000, ce qui l’avait conduit à rencontrer le père Preynat en 2010. Le prêtre lui jura alors n’avoir jamais recommencé depuis.

Le contexte du procès de Philippe Barbarin : l’Eglise face à ses prêtres pédophiles

« Omerta »

« Tout le monde me reproche de l’avoir cru », a déclaré Mgr Barbarin à la barre. « De fait, on n’a pas trouvé de fait incriminable après », a ajouté celui qui est aussi poursuivi pour « omission de porter secours ». Les plaignants lui reprochent d’avoir maintenu le père Preynat au contact d’enfants jusqu’en 2015, date à laquelle un ancien scout porta plainte contre le prêtre. Puis contre le cardinal en 2016.

« On veut connaître la vérité sur l’omerta et l’institutionnalisation du silence. Savoir comment et pourquoi, pendant cinquante ans, le père Preynat a pu abuser d’enfants », affirmait de son côté Alexandre Hezez, le premier à avoir porté plainte.

« L’enjeu, c’est que demain, on ne reproduise pas les mêmes erreurs. En trois ans, l’Eglise a bougé, le législateur a bougé, le sujet [de la pédophilie] a pénétré tous les foyers de France, y compris au sein du monde catholique, s’est félicité avant l’audience l’un des plaignants, François Devaux, cofondateur de La Parole libérée, à l’origine des révélations sur l’affaire. Tout cela a été possible en partie grâce à ces recours. Donc la victoire, elle est déjà là. »