Herbert Diess : « Cette alliance avec Ford peut aider Volkswagen à devenir plus américains »
Herbert Diess : « Cette alliance avec Ford peut aider Volkswagen à devenir plus américains »
Propos recueillis par Éric Béziat
Le PDG du constructeur automobile allemand VW détaille les raisons du partenariat conclu dans le secteur des utilitaires avec le champion en Amérique du Nord des pick-up.
Herbert Diess, le patron de Volkswagen, à Berlin, le 3 mai 2018. / TOBIAS SCHWARZ / AFP
Présent à Detroit (Michigan) lors de l’annonce de son alliance avec Ford dans les camionnettes et les pick-up, le PDG du groupe Volkswagen, Herbert Diess, revient pour Le Monde sur les raisons qui ont conduit à ce partenariat.
De quand date ce projet d’alliance ?
Nous avons commencé à discuter – le PDG de Ford, Jim Hackett, et moi – il y a un an. Et nous nous voyons depuis, directement et régulièrement, pour mettre en place cette alliance. Nos deux entreprises ont déjà des expériences positives de partenariat, en particulier en Amérique latine avec notre coentreprise Autolatina. Cela a évidemment facilité l’avancée du projet.
En quoi un tel partenariat est-il utile à Volkswagen ?
Le groupe Volkswagen est exemplaire en matière d’efficacité industrielle et de compétitivité, à l’exception peut-être du secteur des utilitaires de taille moyenne et des pick-up. Nous ne réalisons pas dans ce domaine suffisamment d’économies d’échelle. Des synergies industrielles, des partages de plates-formes et d’achats de pièces avec Ford nous rendront plus compétitifs. Et, ensemble, nos deux groupes constitueront un leader mondial dans ce domaine.
Pouvez-vous donner des exemples concrets de cette alliance ?
On peut citer l’Amarok, le pick-up de notre marque Volkswagen. Clairement, son successeur, après 2022 pourra être réalisé sur une plate-forme Ford.
Et aux Etats-Unis ? C’est un marché difficile pour vous, en particulier depuis le dieselgate…
Nous avons eu de bons résultats en Amérique du Nord en 2018, en particulier avec notre SUV Atlas mais aussi avec la Jetta. Et nous venons de révéler notre nouvelle Passat. Je crois que nous avons travaillé correctement depuis trois ans pour retrouver la confiance des consommateurs. Nous avons annoncé hier un investissement de 800 millions de dollars [701 millions d’euros] et la création de 1 000 emplois dans notre usine de Chattanooga. C’est un signe fort de notre engagement dans le Tennessee et plus largement aux Etats-Unis.
Mais l’alliance annoncée ne concerne que le partage de véhicules en Europe, en Amérique latine et en Afrique. Ford est leader dans les pick-up en Amérique du Nord, avec le succès formidable du F150. Il n’est pas question de nous en mêler. Mais il est certain qu’avoir des plates-formes communes avec Ford peut nous aider à devenir plus américains.
Pourriez-vous, à terme, devenir avec Ford un Renaut-Nissan germano-américain, en mettant en commun la majorité de vos usines, de vos plates-formes et de vos pièces ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je rappelle que notre accord n’implique pas de prises de participations croisées. Notre stratégie est de nous concentrer sur des domaines précis avec des acteurs puissants de rang mondial. En plus des utilitaires et des pick-up, nous explorons d’autres secteurs de coopération avec Ford comme le véhicule électrique, dans lequel nous investissons plus que n’importe quel autre constructeur, ou la conduite autonome qui est plus avancée aux Etats-Unis qu’en Europe.