Italie : les ports restent fermés aux migrants, répète Matteo Salvini
Italie : les ports restent fermés aux migrants, répète Matteo Salvini
Le Monde.fr avec AFP
Le ministre de l’intérieur et chef de la Ligue (extrême droite), qui risque un procès pour séquestration de migrants, a répété jeudi que sa « ligne » ne changerait pas en matière d’immigration.
Le navire hollandais « Sea-Watch 3 » en mer Méditerrannée, le 16 janvier 2019. / Jon Stone / AP
« Notre ligne ne change pas et ne changera pas. Personne ne débarquera en Italie. » Le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême droite), a réaffirmé, jeudi 24 janvier, que les ports italiens restaient fermés pour les navires des organisations non gouvernementales (ONG) secourant des migrants en Méditerrannée.
M. Salvini, qui est aussi co-vice-président du conseil italien, réagissait à l’arrivée du navire hollandais Sea-Watch 3 au large des côtes siciliennes. « Enième provocation en vue : après avoir passé des jours dans les eaux maltaises, le navire hollandais Sea-Watch 3 avec 47 [migrants] à bord se dirige vers l’Italie », écrit-il sur son compte Twitter. « Nous sommes prêts à envoyer des médicaments, des vivres et tout ce qui est nécessaire [aux migrants à bord], mais les ports italiens sont et resteront fermés », a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez son homologue au gouvernement, Luigi Di Maio, vice-premier ministre et chef du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), qui a invité le navire à se diriger vers la France. « Le navire de l’ONG Sea-Watch, qui se dirige vers la Sicile, aura de la part du gouvernement italien, en cas de nécessité, le soutien médical et sanitaire, a assuré M. Di Maio sur Facebook. Après quoi, je l’invite à orienter la proue vers Marseille et de faire débarquer les personnes sur le sol français au lieu d’attendre inutilement dans les eaux italiennes pendant des jours. »
« Nous avons besoin d’un port sûr »
Le navire Sea-Watch 3, battant pavillon hollandais mais appartenant à l’ONG allemande Sea-Watch, a recueilli il y a six jours 47 migrants au large de la Libye et cherche depuis un port sûr où pouvoir les débarquer, mais Malte et l’Italie refusent de l’autoriser à accoster. « Cinquième jour sans un port sûr pour les 47 naufragés à bord du Sea-Watch. Demain est prévue une forte perturbation de nord-ouest, une tempête. Nos hôtes à bord souffrent beaucoup du froid. Nous avons besoin d’un abri, d’un port sûr le plus rapidement possible », relatait mercredi l’ONG sur son compte Twitter.
Day 5 for our 47 guests aboard #SeaWatch3. The shelter on the aft-deck is leaky, so people are already wet and cold… https://t.co/UGaEL9WQqm
— seawatch_intl (@Sea-Watch International)
Depuis, le navire s’est dirigé vers la Sicile et se trouve désormais, selon des sites de trafic maritime, non loin de la côte orientale sicilienne, en apparence pour se protéger du mauvais temps.
« Nous demandons à l’Italie et l’Europe que la loi soit respectée et que ces personnes soient imédiatement débarquées dans un port sûr », ont réclamé, jeudi après-midi, 20 ONG humanitaires, dont Save the Children, Amnesty International ou encore Médecins sans frontières.
Séquestration de migrants
Jeudi, un « tribunal des ministres », composé de magistrats de Catane, en Sicile, a demandé au Sénat l’ouverture d’un procès contre Matteo Salvini pour séquestration de migrants. Il est toutefois improbable que cette autorisation soit accordée, étant donné la majorité parlementaire dont disposent la Ligue et son allié le M5S.
L’affaire en question remonte au mois d’août. Dans la nuit du 15 au 16 août, le Diciotti, un navire des garde-côtes italiens, a secouru 170 migrants, mais la plupart d’entre eux n’ont pu débarquer que le soir du 25 août, après plusieurs jours au large de l’île de Lampedusa puis dans le port sicilien de Catane.
Début novembre, le parquet de Catane, qui avait ouvert une enquête contre M. Salvini pour séquestration de personnes – car ce dernier interdisait le débarquement des migrants –, avait décidé de demander le classement de cette affaire. Mais le « tribunal des ministres », composé de trois magistrats tirés au sort auprès des tribunaux de Catane, a décidé de ne pas suivre la requête du parquet.
A l’issue d’une procédure interne qui peut durer environ deux mois, le Sénat se prononcera à la majorité absolue sur l’octroi, ou non, de cette autorisation. En cas de refus, sa décision ne sera susceptible d’aucun recours.