Au Soudan, grève dans le principal port du pays sur fond de crise économique et politique
Au Soudan, grève dans le principal port du pays sur fond de crise économique et politique
Le Monde.fr avec AFP
La protestation fait suite à la concession supposée à une entreprise philippine du terminal à conteneurs de Port-Soudan.
Le terminal à conteneurs de Port-Soudan, sur la mer Rouge, en février 2014. / Mohamed Nureldin Abdallah / REUTERS
Environ 1 400 travailleurs ont fait grève lundi 18 février dans le principal port du Soudan pour protester contre la concession supposée à une entreprise philippine du terminal à conteneurs, faisant craindre des suppressions d’emplois dans un pays déjà en crise économique, selon un syndicat. Ce mouvement de grève intervient alors que le pays est secoué depuis deux mois par des manifestations quasi quotidiennes contre la cherté de la vie, les pénuries et la politique du gouvernement.
Selon un délégué syndical, Osman Tahir, la grève vise à protester « contre la signature d’un accord entre le gouvernement et une compagnie philippine » pour l’exploitation du terminal à conteneurs de Port-Soudan, un des poumons de l’économie du pays. Un tel accord permettrait à l’Etat soudanais d’obtenir des liquidités dont il a cruellement besoin.
Plus de 50 morts
Les autorités soudanaises n’ont pas fait d’annonce officielle à ce sujet, mais la société philippine International Container Terminal Services avait, pour sa part, informé dès juillet 2018 le régulateur boursier philippin qu’un accord avait été trouvé. Le premier ministre soudanais, Motaz Moussa Abdallah, a visité lundi le terminal à conteneurs pour discuter de cette question avec les travailleurs. « Les salariés sont en colère. La grève a paralysé le terminal et plusieurs navires attendent d’être déchargés », a indiqué à l’AFP le responsable syndical.
Le Soudan est en proie à un vaste mouvement de contestation depuis le 19 décembre 2018, en raison de la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Les manifestants qui sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays, dont Port-Soudan, appellent dorénavant au départ du président Omar Al-Bachir, au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1989. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le début du mouvement. L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) fait état de plus de 50 morts.