Le polémiste français Kémi Séba interpellé au Bénin, son pays d’origine
Le polémiste français Kémi Séba interpellé au Bénin, son pays d’origine
Le Monde.fr avec AFP
Le militant « anticolonialiste », fondateur du mouvement Urgences panafricanistes, poursuit sa lutte contre le franc CFA, qualifié de « monnaie coloniale ».
Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capo Chichi, à Paris, le 19 février 2008. / FRANCK FIFE / AFP
Déjà expulsé cette semaine de Côte d’Ivoire, le polémiste et militant « anticolonialiste » Kémi Séba a affirmé jeudi 28 mars avoir été arrêté, interrogé puis relâché à son arrivée au Bénin, son pays d’origine, d’où il a décidé de poursuivre sa lutte contre le franc CFA. Arrêté mardi à sa descente de l’avion à Cotonou, capitale économique du Bénin, Kémi Séba, franco-béninois et plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine, a dit avoir été « placé en détention sur demande du ministre de l’intérieur » béninois, avant d’être relâché.
En Côte d’Ivoire, où il devait tenir un meeting, il a dit avoir été interrogé sur d’éventuelles relations avec les pays comme le Venezuela, la Chine ou la Russie. « On m’a posé les mêmes questions qu’en Côte d’ivoire », a déclaré le fondateur du groupe Urgences panafricanistes, qui a menacé de porter plainte contre le ministre de l’intérieur du Bénin, Sacca Lafia.
« Il m’a dit : “Que vous soyez populaire en Afrique francophone n’est pas mon problème, mais dès lors que vous effectuez des mobilisations qui dérangent nos partenaires économiques”, – il ne les a pas cités mais je peux parler de la France, la Côte d’ivoire […] – “nous allons restreindre le périmètre de vos libertés individuelles”. » « La personne qui va restreindre le champ de nos libertés individuelles n’est pas encore née », a-t-il ajouté.
« Néocolonialisme français »
« Kémi Séba a été conduit et gardé par la police républicaine à sa descente d’avion en provenance de la Cote d’Ivoire d’où il a été expulsé. Il a été effectivement reçu par le ministre de l’intérieur », a confirmé à l’AFP une source à la présidence, qui rejette néanmoins toute « menace » contre le polémiste qui combat le franc CFA.
Le « panafricaniste » a déclaré jeudi que cette monnaie commune à la majorité des anciennes colonies françaises d’Afrique « anéantit tout processus de compétitivité » car, arrimée à l’euro, c’est « une devise trop forte pour les économies locales ». « La balance commerciale des pays d’Afrique de la zone franc est déficitaire, à l’exception de la Côte d’Ivoire qui est maintenue sous assistance respiratoire et donne la sensation d’aller mieux alors qu’elle ne va pas bien », a-t-il dit.
Kémi Séba s’est maintes fois attaqué « au néocolonialisme français, qui a pris comme capitale en Afrique la Côte d’ivoire », où il était arrivé le 23 mars et d’où il a été expulsé mardi. Le porte-parole du gouvernement ivoirien avait évoqué « des risques potentiels de troubles par rapport à une manifestation qu’il comptait organiser sur le territoire d’Abidjan. » Kémi Séba avait déjà été expulsé en septembre 2018 du Sénégal vers la France pour avoir brûlé publiquement un billet de 5 000 francs CFA (7,6 euros).